Nathalie Elgrably-Lévy, Économiste sénior
Institut Économique de Montréal
28 mai 2009 - 10h06
Barack Obama est adulé dans le monde entier. Chaque décision qu’il prend, chaque parole qu’il prononce, chaque geste qu’il pose, aussi anodin soit-il, est glorifié. On le vénère. On le déifie. On lui accorde une approbation inconditionnelle.
Il fait preuve de bonne volonté, certes, mais qu’a-t-il donc accompli pour mériter une telle adoration? Et pourquoi les médias sont-ils si complaisants envers lui alors qu’ils étaient intransigeants avec ses prédécesseurs et ses adversaires ?
Sur le front de l’économie, Obama a dépensé plus que quiconque dans l’histoire de l’humanité. Ses mesures coûteront trois fois plus que la Deuxième Guerre mondiale, et vingt quatre fois plus que le New Deal. En un an, il fera doubler la dette nationale accumulée au cours des 200 dernières années. Et en raison des engagements financiers qu’il a pris, cette dette doublera encore dans 10 ans. Serait-ce pour cet endettement historique et pour le colossal fardeau qu’il lègue aux générations futures que certains encensent le nouveau président?
Pour financer les dépenses stratosphériques de l’administration Obama, la Réserve fédérale fait fonctionner à plein régime sa planche à billets. En quelques mois, elle a imprimé tellement d’argent pour financer les choix politiques du président qu’elle a ranimé le spectre de l’inflation, voire celui de l’hyperinflation, avec la perspective d’un appauvrissement généralisé que cela entraîne. Se pourrait-il que ce soit la politique monétaire ultra inflationniste de la Fed qui emballe les admirateurs de Barack Obama?
Le Président américain envisage également l’abolition des coupures d’impôts votées en 2001 et 2003, ce qui aura pour effet de décourager le travail, l’épargne, l’investissement et l’entrepreneurship. Or, une telle décision nuit à la compétitivité des industries américaines et compromet la relance.
Pour «sauver» l’économie, le Congrès a accepté de dépenser 787 milliards pour un plan de relance de 1000 pages qu’aucun membre n’a lues. Puis, par souci de «contenir» le déficit, Washington annonce une réduction des dépenses de l’ordre de 100 millions, soit l’équivalent de 0,003% du budget! Est-ce donc à ses coupures budgétaires dérisoires et à ses dépenses titanesques que le président doit sa popularité?
À moins que ce ne soit au fait qu’il ait outrepassé son droit constitutionnel en exigeant le renvoi du Pdg de GM? Ou encore parce qu’il a choisi de lancer un vaste chantier de nationalisation en remettant au goût du jour de vieilles idées communistes qui ont fait banqueroute?
Sur le plan de la diplomatie et de la géopolitique, les initiatives du jeune président sont singulières. Il décide de restreindre les échanges commerciaux avec la Colombie, mais il souhaite les intensifier avec Cuba. Il revoie un buste de Churchill que Tony Blair avait offert à Bush et qui se trouvait dans le bureau ovale, mais il accepte le cadeau littéraire d’Hugo Chavez.
Il se montre conciliant avec l’Iran qui poursuit ses essais nucléaires sans faire cas des demandes de Washington, mais monte le ton avec Israël, la seule démocratie au Moyen Orient et l’allié des États-Unis de longue date. Il ne s’incline pas devant la Reine d’Angleterre, ce que l’on peut concevoir, mais il gratifie le Roi d’Arabie Saoudite d’une génuflexion qui semble cacher un baisemain. Si un autre chef d’état se rendait coupable des mêmes paradoxes, bénéficierait-il de la même indulgence des médias et de la population?
Obama a subjugué la planète. Or, la nomenclature ci-dessus mérite-elle réellement autant d’admiration? Je repose donc la question : qu’a fait Obama de si exceptionnel pour justifier tant de louanges?
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