dimanche 29 mai 2011

La surprise de Labeaume


Le Maître de Québec a peur et il a décidé de se décharger de cette frousse - de toute évidence, trop lourde à porter pour notre petit homme - sur les citoyens du Québec. Depuis une semaine et demie, il traine sa misérable bouille de victime, à l'Assemblée Nationale, afin qu'on ramasse, à sa place, les pots cassés par son incurie et son impétuosité.

Quoi de plus naturel pour un maire mégalo mais négligent, d'exiger que l'on protège le fruit de son incompétence, au lieu de refaire, lui-même, le travail correctement.

L'intempestif maire de Québec est donc en cabale auprès de la députation provinciale afin de protéger, son entente de gestion bancale, conclue avec Quebecor, contre toute poursuite judiciaire.

Actuellement, les députés de l'Assemblée Nationale acceptent béatement d'écouter un élu municipal qui leur demande, ni plus ni moins, de restreindre une liberté fondamentale de tout citoyen. Surpris? Pas vraiment.

Le despote de Québec est autant admiré que craint par le PM, les chefs du PQ et de l'ADQ ainsi que par les députés. On admire sa popularité et son pouvoir et l'on craint autant, sinon plus,... sa popularité et son pouvoir.

Ceux qui auraient dû se lever immédiatement pour démontrer leur opposition à cette spoliation de liberté, sont les membres de l'ADQ. Au contraire, ils sont demeurés étrangement silencieux, si ce n'est pour dire qu'ils voulaient entendre ce que Labeaume avait à dire. Pardon??? C'est quoi l'affaire? Vous voulez que Labeaume vous donne des trucs d'aliénation de droits fondamentaux? Vous avez peur qu'il se livre à une vendetta contre vous, comme il l'a fait avec les députés conservateurs de la rive-nord de Québec? Vous voulez vous montrer magnanimes?

Toutes ces raisons sont mauvaises.

Ce parti qui se présente en farouche défenseur des libertés individuelles et en réformateur de l'État et de son obésité, vient d'échouer lamentablement le test. Imaginez ça.  On accepte d'écouter quelqu'un qui demande qu'on protège l'État contre les méchants citoyens, en les empêchant de contester, par la voie des tribunaux, une entente de gestion qu'ils jugent illégale.  Je dois rêver.

Comprenez-moi bien. J'exècre tout ce qui a gravité autour de Jean-Paul L'Allier. D'ailleurs, l'homme à la particule oiseuse qui s'oppose à l'entente signée avec Quebecor ne m'inspire aucunement confiance. DeBelleval - ancien renifleur de pets de Jean-Paul L'Allier - peut bien être motivé par les intérêts qu'il veut,  je ne voudrais pas vivre dans une société qui l'empêche d'exercer ses droits.

Mais comment peut-on passer de la construction d'un aréna multi-tâche, à un débat sur la préservation d'un droit fondamental? En passant, ce débat sur les libertés fondamentales n'existe pas à l'Assemblée Nationale. Il est totalement occulté depuis le début.

Il faut comprendre que pour les gouvernements, quels qu'ils soient, l'opportunité de s'arroger un droit et d'asservir toujours un peu plus la plèbe, est une occasion qu'on ne veut pas manquer. En effet, chaque année, nous perdons de plus en plus de libertés, au fur et à mesure que de nouvelles lois sont adoptées. C'est la manière douce de procéder. Que feraient-ils, nos pauvres politiciens, s'ils n'étaient pas en train d'adopter des lois ou de distribuer les subventions? Il y en a qui trouveraient le temps long.

Il faut dire que dans le cas qui nous intéresse, les prétendus gens de droites de Québec - quelle farce monumentale - rendent la partie extrêmement facile au maître de Québec ainsi qu'à ses valets de l'Assemblée Nationale. Avec un appui de 80% de la population de Québec, ce maire à tendance mégalomaniaque est à risque de se sentir investi d'une mission divine.  Et qui veut s'opposer à un homme investi d'une telle mission? Seulement des fous, des gens courageux ou des gens ayant des convictions.  Force est d'admettre que les gens courageux ou ayant des convictions ne sont pas légions, à Québec, lorsqu'on brandit la menace de perdre ce que nous n'avons plus depuis plus de 15 ans déjà, en l'occurrence, une équipe de la NHL.

Mais, quel est le lien entre un retour, soi-disant, compromis, de la NHL à Québec, et une entente de gestion, non protégée, qui n'entrera en vigueur que lorsque l'amphithéatre ouvrira ses portes, en 2015 ou plus tard? Allez savoir...

Selon les exaltés du retour de la NHL - dont fait partie notre Jacques Villeret de la politique municipale québécoise, Régis Labeaume -, une contestation de l'entente de gestion risquerait d'annihiler le rêve de revoir une équipe à Québec, d'autant plus que la fenêtre d'opportunité serait ouverte, actuellement, mais qu'elle se refermera pour plusieurs années si nous n'en profitons pas immédiatement. D'autres voient l'impossibilité de construire le nouvel aréna, si l'entente de gestion n'est pas signée, au plus tard en septembre 2011 - nouvel ultimatum de notre Napoléon du Moulin à images.

Il y a beaucoup de choses là-dedans. Évidemment, il y a beaucoup de délire, mais il y a plus.

Premièrement, pour ceux qui pensaient que nous aurions pu avoir une équipe dès cette année, je ne sais pas trop quoi vous dire. Le proprio des Thrashers vend son équipe parce qu'il ne peut plus se permettre de perdre plus de 20M$/an. Or, il est clairement établis que même si le Colisée actuel était remplis à ras bord, soir après soir, une équipe de la LNH y perdrait plus de 20M$/an. De plus, jamais la NHL n'autoriserait le déménagement d'une de ses franchises, dans de telles conditions, pour plus de 2 ans.  Ceci nous amène à l'automne 2013, au minimum, avant de pouvoir espérer voir jouer les Nordiques dans l'ancien Colisée.

Justement. Quelle est l'entente entre Quebecor et la Ville de Québec, pour l'utilisation et/ou la gestion de l'ancien Colisée de 2013-2015 - si équipe de la NHL, il y a évidemment? Je n'en sais rien. Est-ce important? Je ne le sais pas plus.

Toutefois, une fois que PKP obtient une équipe pour la saison 2013, il fait quoi? Il exploite l'équipe deux ans et la revend à d'autres intérêts, s'il n'a pas la gestion du nouveau building? S'il sait déjà, en 2013, que c'est Bell qui a obtenu le contrat de gestion, il est fort probable qu'il ne serait plus intéressé à l'obtention d'une équipe. Est-ce que Bell le serait? Rien de moins certain, étant donné sa participation dans la vache à lait qu'est le CH (Produit de faible qualité - pour ne pas dire médiocre Vs Ventes et demande toujours croissante, ça vaut de l'or. Pourquoi bouleverser un si beau et bon modèle?)

C'est ici que semble se trouver la source des craintes de Labeaume.

Pour ce qui est de la peur que le nouvel amphithéâtre ne voit pas le jour si on ne blinde pas l'entente, ce n'est pas sérieux. Il n'y a pas une cenne de privé dans la construction du building. Alors, la contestation d'une entente de gestion n'a pas vraiment le pouvoir d'en empêcher la construction. Selon moi, l'instabilité psychique du Maitre de Québec – qu’elle soit réelle ou virtuelle - est probablement plus à craindre, en ce qui concerne une éventuelle volte-face dans le dossier du nouveau Colisée, que l'absence d'une loi honteuse pour couvrir l'entente de gestion.

Maintenant que nous avons cerné la zone problématique, essayons de réfléchir un peu aux causes et aux solutions.

Retournons un peu en arrière pour nous rappeler un événement important. Alors que le CH était officiellement en vente, PKP s'était lancé dans la course pour l'obtention du club de Hockey Canadiens et du Centre Bell. Il avait offert un peu plus de 500M$. Finalement, c'est un consortium incluant Bell qui l'avait emporté en allongeant un peu plus de 600M$. Ce qui est important de comprendre ici, c'est que PKP faisait une offre pour acheter l'équipe, certes, mais pour acheter le building aussi.

Revenons maintenant aux événements de la dernière semaine et demie. Qu'est-ce qui pousse ou, qui est-ce qui pousse le Maire de Québec à se déshonorer ainsi devant l'Assemblée nationale afin de protéger SON entente?

Vous trouvez le mot "déshonorer", trop fort? C'est votre opinion. Toutefois, on ne peut nier que toute la démarche de Labeaume met au jour, non seulement, son côté brouillon, intempestif et négligeant,  mais aussi son manque de vision.

Comment puis-je oser affirmer qu'un maire idolâtré par plus de 80% des citoyens de sa ville, puisse manquer de vision? Quel prétentieux, je fais. Quelle suffisance.

Tout le monde sait que sans une équipe de Hockey, le nouvel amphithéâtre risque fortement de devenir un éléphant blanc. Les chiffres du Maître de Québec le démontrent bien. D'ailleurs, ce qui allume les gens de Québec, actuellement, n'est pas l'aréna, mais le rêve du retour de la LNH. Ça leur fait, d'ailleurs, perdre tout leur sens critique.

Pourquoi Régis manque-t-il de vision? C'est parce que Régis n'a pas vu venir un élément extrêmement important. En construisant un Building 100% public, il vient, ni plus ni moins, de donner le gros bout du bâton à celui qui promettra, mieux que les autres, de ramener une équipe de la LNH à Québec. Même chose si le rêve du retour de l'équipe s'évanoui, le pouvoir appartiendra au gestionnaire de l'immeuble dont la ville devient dépendante de la rentabilité et des caprices.

Qu'est-ce qui se passe depuis une semaine et demie, vous pensez? PKP a lancé un bâton et notre petit roquet de maire est parti le chercher dans les corridors de notre vétuste Assemblée Nationale. C'est pathétique. PKP a-t-il appelé Labeaume pour lui dire qu'il fasse tout pour protéger la sacro-sainte entente? Ce n'est pas nécesssaire.  Le petit chien bien dompté sait qui est le maître et où se trouve son profit. Il n'a pas toujours à attendre les ordres. Voilà où nous en sommes.

PKP a déjà été prêt à acquérir un amphithéâtre.  Même si PKP n'avait mis que 100M$ dans la construction, le rapport de force n'aurait pas été le même.

Comprenez-vous maintenant pourquoi PKP ne voulait que l'entente de gestion et le nom de Videotron sur le Building? Si j'avais été lui, j'aurais fait exactement la même chose. Le gars a un business à gérer et il a des comptes à rendre à des actionnaires - dont nous tous faisont partie, du reste.

Il faut dire que notre chihuahua de la côte de la Fabrique n'a pas été très difficile à rouler dans une tortilla. Un Étatiste mégalo et narcissique n'est pas difficile à convaincre de la nécessité de construire un bâtiment, ne serait-ce que pour démontrer sa supériorité à la pauvre entreprise privée qui, toute riche qu'elle soit, ne peut réaliser d'aussi grandes choses que l'État tout puissant.

De plus, si PKP achète le building et que la ville FINANCE l'achat au moyen d'un prêt à taux avantageux ou sans intérêts, il n'y a pas d'histoire d'entente de gestion bancale ni de menaces de poursuites et surtout, PKP a plus qu'intérêt à ce que ça fonctionne car SON argent est dans ce building. La ville aussi veut que ça fonctionne car c'est elle qui finance PKP. Le rapport de pouvoir est ainsi plus équilibré.

En fait, l'histoire de la rencontre entre PKP et Labeaume se résume fort probablement ainsi :

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois."
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. "
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus. 


"Une belle tête de vainqueur" - Pierre Brochand, Le dîner de cons




Yannick Gagné
Libre@penseur
28 mai 2011


vendredi 13 mai 2011

Théâtres, Beaux-Arts


Samedi, 16 février 2008 à 12 h 00
Par David

Bastiat
L'État doit-il subventionner les arts?

Il y a certes beaucoup à dire Pour et Contre.

En faveur du système des subventions, on peut dire que les arts élargissent, élèvent et poétisent l'âme d'une nation, qu'ils l'arrachent à des préoccupations matérielles, lui donnent le sentiment du beau, et réagissent ainsi favorablement sur ses manières, ses coutumes, ses mœurs et même sur son industrie. On peut se demander où en serait la musique en France, sans le Théâtre-Italien et le Conservatoire; l'art dramatique, sans le Théâtre-Français; la peinture et la sculpture, sans nos collections et nos musées. On peut aller plus loin et se demander si, sans la centralisation et par conséquent la subvention des beaux-arts, ce goût exquis se serait développé, qui est le noble apanage du travail français et impose ses produits à l'univers entier. En présence de tels résultats, ne serait-ce pas une haute imprudence que de renoncer à cette modique cotisation de tous les citoyens qui, en définitive, réalise, au milieu de l'Europe, leur supériorité et leur gloire?

À ces raisons et bien d'autres, dont je ne conteste pas la force, on peut en opposer de non moins puissantes. Il y a d'abord, pourrait-on dire, une question de justice distributive. Le droit du législateur va-t-il jusqu'à ébrécher le salaire de l'artisan pour constituer un supplément de profits à l'artiste? M. Lamartine disait: « Si vous supprimez la subvention d'un théâtre, où vous arrêterez-vous dans cette voie, et ne serez-vous pas logiquement entraînés à supprimer vos Facultés, vos Musées, vos Instituts, vos Bibliothèques? » On pourrait répondre: « Si vous voulez subventionner tout ce qui est bon et utile, où vous arrêterez-vous dans cette voie, et ne serez-vous pas entraînés logiquement à constituer une liste civile à l'agriculture, à l'industrie, au commerce, à la bienfaisance, à l'instruction? » Ensuite, est-il certain que les subventions favorisent le progrès de l'art? C'est une question qui est loin d'être résolue, et nous voyons de nos yeux que les théâtres qui prospèrent sont ceux qui vivent de leur propre vie. Enfin, s'élevant à des considérations plus hautes, on peut faire observer que les besoins et les désirs naissent les uns des autres et s'élèvent dans des régions de plus en plus épurées, à mesure que la richesse publique permet de les satisfaire; que le gouvernement n'a point à se mêler de cette correspondance, puisque, dans un état donné de la fortune actuelle, il ne saurait stimuler, par l'impôt, les industries de luxe sans froisser les industries de nécessité, intervertissant ainsi la marche naturelle de la civilisation. On peut faire observer que ces déplacements artificiels des besoins, des goûts, du travail et de la population, placent les peuples dans une situation précaire et dangereuse, qui n'a plus de base solide.

Voilà quelques-unes des raisons qu'allèguent les adversaires de l'intervention de l'État, en ce qui concerne l'ordre dans lequel les citoyens croient devoir satisfaire leurs besoins et leurs désirs, et par conséquent diriger leur activité. Je suis de ceux, je l'avoue, qui pensent que le choix, l'impulsion doit venir d'en bas, non d'en haut, des citoyens, non du législateur; et la doctrine contraire me semble conduire à l'anéantissement de la liberté et de la dignité humaines.

Mais, par une déduction aussi fausse qu'injuste, sait-on de quoi on accuse les économistes? c'est, quand nous repoussons la subvention, de repousser la chose même qu'il s'agit de subventionner, et d'être les ennemis de tous les genres d'activité, parce que nous voulons que ces activités, d'une part soient libres, et de l'autre cherchent en elles-mêmes leur propre récompense. Ainsi, demandons-nous que l'État n'intervienne pas, par l'impôt, dans les matières religieuses? nous sommes des athées. Demandons-nous que l'État n'intervienne pas, par l'impôt, dans l'éducation? nous haïssons les lumières. Disons-nous que l'État ne doit pas donner, par l'impôt, une valeur factice au sol, à tel ordre d'industrie? nous sommes les ennemis de la propriété et du travail. Pensons-nous que l'État ne doit pas subventionner les artistes? nous sommes des barbares qui jugeons les arts inutiles.

Je proteste ici de toutes mes forces contre ces déductions.

Loin que nous entretenions l'absurde pensée d'anéantir la religion, l'éducation, la propriété, le travail et les arts quand nous demandons que l'État protège le libre développement de tous ces ordres d'activité humaine, sans les soudoyer aux dépens les uns des autres, nous croyons au contraire que toutes ces forces vives de la société se développeraient harmonieusement sous l'influence de la liberté, qu'aucune d'elles ne deviendrait, comme nous le voyons aujourd'hui, une source de troubles, d'abus, de tyrannie et de désordre.

Nos adversaires croient qu'une activité qui n'est ni soudoyée ni réglementée est une activité anéantie. Nous croyons le contraire. Leur foi est dans le législateur, non dans l'humanité. La nôtre est dans l'humanité, non dans le législateur.

Ainsi, M. Lamartine disait: « Au nom de ce principe, il faut abolir les expositions publiques qui font l'honneur et la richesse de ce pays. »

Je réponds à M. Lamartine: « À votre point de vue, ne pas subventionner c'est abolir, parce que, partant de cette donnée que rien n'existe que par la volonté de l'État, vous en concluez que rien ne vit que ce que l'impôt fait vivre. Mais je retourne contre vous l'exemple que vous avez choisi, et je vous fait observer que la plus grande, la plus noble des expositions, celle qui est conçue dans la pensée la plus libérale, la plus universelle, et je puis même me servir du mot humanitaire, qui n'est pas ici exagéré, c'est l'exposition qui se prépare à Londres, la seule dont aucun gouvernement ne se mêle et qu'aucun impôt ne soudoie. »

Revenant aux beaux-arts, on peut, je le répète, alléguer pour et contre le système des subventions des raisons puissantes. Le lecteur comprend que, d'après l'objet spécial de cet écrit, je n'ai ni à exposer ces raisons, ni à décider entre elles.

Mais M. Lamartine a mis en avant un argument que je ne puis passer sous silence, car il rentre dans le cercle très précis de cette étude économique.

Il a dit:

La question économique, en matière de théâtres, se résume en un seul mot: c'est du travail. Peu importe la nature de ce travail, c'est un travail aussi fécond, aussi productif que toute autre nature de travaux dans une nation. Les théâtres, vous le savez, ne nourrissent pas moins, ne salarient pas moins, en France, de quatre-vingt mille ouvriers de toute nature, peintres, maçons, décorateurs, costumiers, architectes, etc., qui sont la vie même et le mouvement de plusieurs quartiers de cette capitale, et, à ce titre, ils doivent obtenir vos sympathies!
Vos sympathies! — traduisez: vos subventions.
Et plus loin:

Les plaisirs de Paris sont le travail et la consommation des départements, et les luxes du riche sont le salaire et le pain de deux cent mille ouvriers de toute espèce, vivant de l'industrie si multiple des théâtres sur la surface de la République, et recevant de ces plaisirs nobles, qui illustrent la France, l'aliment de leur vie et le nécessaire de leurs familles et de leurs enfants. C'est à eux que vous donnerez ces 60 000 fr. (Très bien! très bien! marques nombreuses d'approbation.)
Pour moi, je suis forcé de dire: très mal! très mal! en restreignant, bien entendu, la portée de ce jugement à l'argument économique dont il est ici question.
Oui, c'est aux ouvriers des théâtres qu'iront, du moins en partie, les 60 000 fr. dont il s'agit. Quelques bribes pourront bien s'égarer en chemin. Même, si l'on scrutait la chose de près, peut-être découvrirait-on que le gâteau prendra une autre route; heureux les ouvriers s'il leur reste quelques miettes! Mais je veux bien admettre que la subvention entière ira aux peintres, décorateurs, costumiers, coiffeurs, etc. C'est ce qu'on voit.

Mais d'où vient-elle? Voilà le revers de la question, tout aussi important à examiner que la face. Où est la source de ces 60 000 fr.? Et où iraient-ils, si un vote législatif ne les dirigeait d'abord vers la rue Rivoli et de là vers la rue Grenelle? C'est ce qu'on ne voit pas.

Assurément nul n'osera soutenir que le vote législatif a fait éclore cette somme dans l'urne du scrutin; qu'elle est une pure addition faite à la richesse nationale; que, sans ce vote miraculeux, ces soixante mille francs eussent été à jamais invisibles et impalpables. Il faut bien admettre que tout ce qu'a pu faire la majorité, c'est de décider qu'ils seraient pris quelque part pour être envoyés quelque part, et qu'ils ne recevraient une destination que parce qu'ils seraient détournés d'une autre.

La chose étant ainsi, il est clair que le contribuable qui aura été taxé à un franc, n'aura plus ce franc à sa disposition. Il est clair qu'il sera privé d'une satisfaction dans la mesure d'un franc, et que l'ouvrier, quel qu'il soit, qui la lui aurait procurée, sera privé de salaire dans la même mesure. 

Ne nous faisons donc pas cette puérile illusion de croire que le vote du 16 mai ajoute quoi que ce soit au bien-être et au travail national. Il déplace les jouissances, il déplace les salaires, voilà tout.

Dira-t-on qu'à un genre de satisfaction et à un genre de travail, il substitue des satisfactions et des travaux plus urgents, plus moraux, plus raisonnables? Je pourrais lutter sur ce terrain. Je pourrais dire: En arrachant 60 000 fr. aux contribuables, vous diminuez les salaires des laboureurs, terrassiers, charpentiers, forgerons, et vous augmentez d'autant les salaires des chanteurs, coiffeurs, décorateurs et costumiers. Rien ne prouve que cette dernière classe soit plus intéressante que l'autre. M. Lamartine ne l'allègue pas. Il dit lui-même que le travail des théâtres est aussi fécond, aussi productif (et non plus) que tout autre, ce qui pourrait encore être contesté; car la meilleure preuve que le second n'est pas aussi fécond que le premier, c'est que celui-ci est appelé à soudoyer celui-là.

Mais cette comparaison entre la valeur et le mérite intrinsèque des diverses natures de travaux n'entre pas dans mon sujet actuel.Tout ce que j'ai à faire ici, c'est de montrer que si M. Lamartine et les personnes qui ont applaudi à son argumentation ont vu, de l'œil gauche, les salaires gagnés par les fournisseurs des comédiens, ils auraient dû voir, de l'œil droit, les salaires perdus pour les fournisseurs des contribuables; faute de quoi, ils se sont exposés au ridicule de prendre un déplacement pour un gain. S'ils étaient conséquents à leur doctrine, ils demanderaient des subventions à l'infini; car ce qui est vrai d'un franc et de 60 000 fr., est vrai, dans des circonstances identiques, d'un milliard de francs.

Quand il s'agit d'impôts, messieurs, prouvez-en l'utilité par des raisons tirées du fond, mais non point par cette malencontreuse assertion: « Les dépenses publiques font vivre la classe ouvrière. » Elle a le tort de dissimuler un fait essentiel, à savoir que les dépenses publiques se substituent toujours à des dépenses privées, et que, par conséquent, elles font bien vivre un ouvrier au lieu d'un autre, mais n'ajoutent rien au lot de la classe ouvrière prise en masse. Votre argumentation est fort de mode, mais elle est trop absurde pour que la raison n'en ait pas raison.

Frédéric Bastiat (1801-1850) est un économiste et homme politique libéral français. Écrivain au style direct, ses écrits manient les comparaisons pédagogiques et les fables satiriques, et visent à débusquer les principaux mythes ou sophismes entretenus autour de l'État, du socialisme, de la richesse, de la solidarité, de l'impôt, de l'interventionnisme, etc. Frédéric Bastiat était régulièrement cité par Ronald Reagan et Margaret Thatcher comme l'un des économistes les ayant le plus influencés.

mercredi 11 mai 2011

Narcissisme et vanité.



Jean Charest, notre Paillasson Méprisable, s'est mis dans la tête de nous rentrer de force, dans la gorge, SON héritage pour les générations futures.

Avant d'accepter ce legs, il est de rigueur d'y regarder à deux fois.

Comme pour une succession, il est possible de refuser ce legs, s'il a pour effet de réduire notre valeur nette; de nuire à notre situation financière.

Évidemment, il serait aisé de conclure que Charest tente de laisser un autre souvenir que les odeurs de scandales qui lui collent à la peau.

Comme le disait André Arthur : "Je ne dis pas qu'il est tout croche, je dis qu'il est tout proche".

En fait, c'est en 2003, que Jean Charest avait rendez-vous avec l'Histoire. À ce moment, il promettait la réingénierie de l'État et la population était derrière lui. Il le tenait entre ses mains, son héritage pour les générations futures. Il n'y avait que le courage et l'opiniâtreté qui séparait le don de Jean Charest, des générations futures. La suite, vous la connaissez aussi bien que moi. Notre PM étant totalement dénué de courage et n'étant opiniâtre que pour laver sa réputation, les syndicats n'ont eu qu'à sortir dans la rue pour voir Charest s'écraser lamentablement.

Il faut dire que ces legs de politiciens narcissiques peuvent tout de même partir d'une intention noble.

Prenez Bill Clinton, par exemple. Admirateur sans bornes de Nelson Mandela, il voulut, lui aussi, léguer quelque chose de bon, de magnanime et empreint de justice sociale, à ses contemporains et aux générations futures. Quoi de mieux que l'accession à la propriété pour les plus démunis qui étaient, en majorité, des membres de minorités visibles. Quoi de mieux pour honorer l'œuvre du grand homme que fût Nelson Mandela. Résultat : Une crise financière mondiale suivi à une crise économique non moins mondiale.

Malheureusement, la logique économique n'a que faire des intentions nobles, a fortiori, si ces dernières donnent lieu à de MAUVAISES politiques économiques.

De plus, la logique économique a cette fâcheuse tendance à sanctionner durement les politiciens narcissiques qui tentent de la dévoyer ou de la dompter.

Or, voilà que notre premier ministre a trouvé ce dont il veut nous faire cadeau pour qu'on garde un bon souvenir de lui et pour que les livres d'Histoire modèlent positivement l'image que les générations futures auront de lui.

Ce que veut nous léguer Jean Charest n'est, ni plus, ni moins, qu'une carte indiquant le nouveau chemin de la fuite en avant des Québécois... Le plan nord. Eh! Oui, nous prenons la direction du nord en espérant que les revenus supplémentaires nous permettront de vivre au-dessus de nos moyens encore longtemps.

Un plan à l'image de la couardise consommée de notre PM et de ses sujets.

Goldcorp a-t-il eu besoin d'un plan nord, de la création d'une nouvelle société d'État, de l'implication d'investissement Québec et de la création d'un fonds pour s'entendre avec les Cris dans le projet Eleonore, à la Baie James?

Goldcorp s'est tout simplement comporté comme le fait Talisman Energy, Encana, Suncor et autres exploitants de ressources naturelles.

D'ailleurs, les ententes et les fonds exigés, des exploitants, réservés à la remise à l'état initial des lieux d'exploitation, existent en Alberta depuis plusieurs années. Eh! oui, chers Québécois, les compagnies qui exploitent les sables bitumineux en Alberta doivent remettre les lieux comme ils l'étaient avant le début de l'exploitation. C'est une condition sine qua non à l'obtentation d'un permis d'exploitation.

Évidemment, quand notre unilinguisme limite nos sources d'information à RDI, R-C, TVA, La Presse, Le Devoir et le Nouvel Obs, on ne peut être au courant de ces choses-là. La démonisation ne laissant que peu de place à l'information.

Les droits de propriété québécois étant ce qu'ils sont, nous n’avons d'autres choix que de laisser le gouvernement s'occuper de la négociation des redevances et de déterminer le cadre législatif et réglementaire qui régira ces types d'exploitation.

Cependant, pourquoi le gouvernement devrait-il en faire plus?

Nous n'avons ni l'argent ni l'expertise pour mettre en place ce plan nord tel que nous l'a vendu Jean Charest.

Le gouvernement n'a aucune compétence reconnue pour négocier avec les autochtones, pour s'affranchir de la dictature des groupes de pressions, pour gérer une entreprise, ou pour faire des investissements miniers. Goldcorp vient de nous en faire l'éloquente démonstration.

Rappelez-vous que les permis d'exploration de gaz de shales ont été donnés aux entreprises privées, tout simplement, parce que la SOQUIP, elle, n'y avait vu que de la roche.

Rappelez-vous aussi de l'accident de la plateforme Deep Horizon de BP dans le Golfe du Mexique. Quelle était la seule organisation en mesure de colmater la fuite? Les fonctionnaires du gouvernement fédéral? Barack Obama? Les groupes de défense des poissons et de l'environnement? Le Gouverneur de la Louisiane? Non, évidemment. Seule BP était en mesure de stopper la fuite.

Dans ce que nous propose Jean Charest, y a-t-il des mesures qui permettent de réduire la bureaucratie et la technocratie gouvernementale ainsi que la taille de l'État? NON. Au contraire, on vient créer une nouvelle structure qui exigera l'embauche de nouveaux fonctionnaires, une nouvelle société d'État qui sera principalement un centre de coûts, faisant ainsi passer, sous le radar des finances publiques, les nouvelles dépenses reliées à la gestion de ce plan Nord. Et que dire du dédoublement de la bureaucratie.

Dans ce que nous propose Jean Charest, y a-t-il des mesures concrètes permettant de réduire la dette de l'État québécois? NON. On espère, que les redevances permettront à l'État québécois de maintenir son train de vie actuel en augmentant ses revenus et en faisant passer ses dépenses supplémentaires dans une société d'État non incluse dans le budget gouvernemental. De plus, la rentabilité de la présence tentaculaire du gouvernement au Nord du 49e parallèle sera très fortement tributaire des prix des métaux et de l'Énergie. Lorsque l'on signe des ententes de ventes d'électricité sur 25 ans à 5.8 cents du KWH et que l'électricité produite par un projet comme La Romaine coûtera 10 cents du KWH, on est légitimé de douter de la rentabilité de la partie "Énergie renouvelable" du plan. Du côté des métaux, la façon de faire est simple. Lorsque les prix sont trop bas, on cesse l'exploitation et on priorise les gisements les moins coûteux à exploiter. On s'entend que l'exploitation des ressources du Nord prend tout son sens dans un contexte de cours élevés des métaux. En Alberta, les sables bitumineux n'étaient pas exploités (sauf à titre expérimental) avant que le prix du baril de brut n'atteigne un certain seuil. Avant cela, on exploitait exclusivement les puits de pétrole traditionnels.

Je ne dis pas que l'idée d'exploiter les ressources du nord est mauvaise, au contraire, c'est la manière de le faire qui n'a aucun sens et qui va carrément dans le sens contraire des intérêts des générations futures.

Quand on fait un cadeau de cette importance, il me semble qu'on s'informe, au minimum, des besoins et des goûts de celui qui le recevra. Il n'y a que les narcissiques et les vaniteux qui font des cadeaux dans le seul et unique but de SE mettre en valeur.

Nous et les générations futures hériterons donc d'un nombre accru de fonctionnaires, d'une bureaucratie et d'une technocratie exacerbée, d'un État encore plus envahissant et contrôlant, d'un endettement chronique nous exposant aux risques liés au choc démographique imminent, d'une nouvelle société d'État totalement inutile et d'investissements - par l'entremise d'Investissement Québec - dans des projets à risques élevés et plus souvent qu'autrement non rentables, voire ruineux, car si les projets sont rentables, aucune entreprise privée ne voudra avoir le gouvernement dans ses pattes.

En conclusion, j'affirme qu'il est impératif de refuser ce cadeau sous sa forme actuelle. Pourquoi aller contaminer une contrée vierge avec nos bonnes vieilles tares socialistes. Le soi-disant modèle québécois a atteint ses limites et il n'y a que ceux qui en profitent qui refusent de faire le constat. On ne corrige pas un excès de gauchisme avec plus de gauche.

Yannick Gagné
Libre@penseur

10 mai 2011

jeudi 5 mai 2011

L'anti-américanisme

Thomas Mulcair prouve que l'anti-américanisme n'a que faire du président en place ou de ses politiques.

Quand on es anti-américain, on hait les Américains et la société américaine en toutes circonstances.

On peut réussir à le camoufler un certain temps, mais comme tout ce qui est vicéral, le jupon finit toujours par dépasser.

Yannick Gagné
Libre@penseur
5 mai 2011