dimanche 17 mai 2015

La poule aux oeufs climatiques




Le blogue de Reynald Du Berger
Climat, science et société

Dans les années 1970, quand je faisais mes premières armes comme membre d’une équipe de recherche, j’ai passé des soirées entières à rédiger des demandes de subventions avec mes collègues. Nos chances de succès dépendaient entre autres de notre capacité à démontrer au jury, comment notre recherche allait aider à résoudre des problèmes criants pour les Canadiens et ainsi contribuer à leur bien-être. Je devais par exemple, convaincre les examinateurs que la connaissance de l’épaisseur et de la structure de la croûte terrestre à travers le Front du Grenville aiderait à l’exploration minière dans les régions de l’Abitibi et de Chibougamau. Nous utilisions même les prévisions du Club de Rome, sur l’épuisement des ressources minérales, aussi fausses que celles du GIEC sur l’apocalypse climatique, pour justifier nos recherches.

Le 25 novembre 1988, un tremblement de terre important m’offrait une occasion en or de mettre à niveau mon laboratoire de sismologie. Des milliers de personnes au Saguenay étaient sous le choc. Quelques dizaines de millions$ de dommages matériels seulement, mais beaucoup de peur, d’angoisse, qui se traduisaient par des insomnies. Un soir, on a réuni des centaines de personnes dans le sous-sol d’une église, afin que les psychologues tentent d’apaiser leurs craintes. En vain. Ces gens voulaient plutôt entendre des sismologues, des spécialistes qui leur expliquent ce qui s’était passé et ce qui risquait d’arriver. Comment agir avant, pendant et après un séisme. En plus de mon enseignement, j’avais deux nouvelles tâches qui me tombaient dessus inopinément : je devais relever quotidiennement mes sismographes sur le terrain et répondre à cette population angoissée, par des présentations sur les séismes avec diapositives dans les écoles et foyers de personnes âgées. Une fois, je suis sorti d’une de ces séances avec une tourtière et une paire de pantoufles en phantex! Une mère m’a téléphoné pour me remercier d’avoir visité la classe de 2ième année de son fils; « pour la première fois, il a dormi tout seul dans sa chambre au sous-sol » me dit-elle avec reconnaissance et émotion. Une dame artiste peintre, dont l’atelier se trouvait dans le sous-sol de sa demeure, n’y était pas retournée depuis un mois. Je l’ai prise par la main et nous y sommes descendus ensemble; un des murs avait été enfoncé par le mouvement sismique. Elle y descendait toute seule le lendemain.  Il m’est arrivé de trouver dans ma case à courrier à l’université, des petits messages d’encouragement  de la part de compagnons ou compagnes de travail qui me disaient être fiers de travailler dans la même université que moi. J’aurais pu me faire une grosse tête et surtout profiter de la peur et de l’angoisse de ces gens pour leur demander de me « récompenser » au moyen de subventions de recherche. J’ai plutôt choisi de faire passer le bien-être de mes concitoyens avant mes intérêts personnels. J’ai obtenu par la suite de généreuses subventions de la part de mon université, du gouvernement et de firmes privées, sans vraiment les avoir sollicitées.

C’est Richard Lindzen, climatologue au MIT qui rappelait combien la peur est un outil efficace pour aller chercher des subventions de recherche. Ce fut d’abord la peur du cancer, puis celle des soviétiques (course à l’espace et surtout aux armements) et maintenant peur du réchauffement climatique d’origine anthropique. Vous avez davantage de chances d’obtenir de l’argent de quelqu’un en lui braquant un revolver sur la tempe qu’en sollicitant simplement sa gratitude nous rappelle Lindzen. Et si en plus de leur faire peur, vous les rançonnez à la manière de certains biologistes forestiers, en leur offrant la rémission annuelle (les Pâques carboniques) de leurs péchés carboniques contre une pénitence imposée selon leurs émissions, vos chances sont encore meilleures. Plusieurs chercheurs à l’éthique élastique ont compris cela et l’exploitent, et pas seulement des scientifiques du climat, mais des chercheurs dans des domaines aussi éloignés – en apparence- du climat que l’hydrogéologie, la foresterie, la zoologie, la botanique, la glaciologie, la géologie, la géophysique, la médecine, et même l’anthropologie, etc… Comment un hydrogéologue peut-il en arriver à identifier un changement climatique global pour expliquer le comportement d’une nappe phréatique locale? Comment un de mes voisins hydraulicien peut-il prédire que les crues de ma rivière seront ni de plus en plus fréquentes et de plus en plus sévères, à cause d’événements météorologiques « extrêmes » causés bien sûr par le réchauffement climatique? Et cette hausse « accélérée » du niveau des océans qui forcera des millions de « réfugiés du climat » à exiger asile dans les pays riches et capitalistes, responsables de leur malheur… ça ne vous émeut point, bande de climato-sceptiques!?

Quelqu’un a-t-il fait une étude sur le nombre de demandes de subventions de recherche provenant de chercheurs dans tous ces domaines, de la médecine à la botanique, en passant par la géologie, qui arriment leurs demandes de subventions à ce pseudo-problème de réchauffement climatique anthropique? Ils ont flairé une énorme et bien grasse poule aux œufs d’or et ils ont bien l’intention de continuer de l’exploiter, aussi longtemps que leurs concitoyens auront peur. Mois je tente de lui tordre le cou.