jeudi 30 juin 2011

L'incompréhension grecque



Un des problème des Grecs est qu'ils refusent de voir qu'ils ont vécu bien au-dessus de leur moyens, et ce, durant trop d'années et que maintenant ils doivent vivre bien en dessous de leurs moyens pour seulement rembourser.

Ce qui est pathétique, c'est qu'étudiants, jeunes travailleurs, travailleurs expérimentés, syndiqués, fonctionnaires et retraités sont tous unis contre ces mesures d'austérité.

Or, selon moi, il est inconcevable que les étudiants et les jeunes travailleurs grecs puissent être aux côtés des syndiqués et des fonctionnaires dans cette bataille, car leurs intérêts et leur position dans cette faillite sont diamétralement opposés.

Cela me fait penser au front commun étudiant - syndicats, dans le dossier du CPE (Contrat de Premier Embauche) en France.  Alliance aussi inusitée qu'indécente. Il faut comprendre que les CPE visaient à stimuler l'embauche des jeunes travailleurs par les entreprises et sociétés d'État françaises. En France, il était possible d'embaucher, mais c'était quasi-impossible de mettre à la porte un employé, et ce, même s'il était nouvellement embauché, à cause des lois du travail. Bref, Il fallait donc être certain de la qualité du candidat embauché parce que, peu importe celles-ci, l'entreprise était prise avec l'employé à vie, sinon le congédiement se faisait au prix de longues démarches complexes et coûteuse. Les entreprises préféraient donc s'abstenir d'embaucher des jeunes employés inexpérimentés.

Cet état de fait, était une des raison identifiée du haut de chômage chez les jeunes Français.

Les syndicats étaient contre le CPE car le "monopole" des travailleurs expérimentés était en danger et les étudiants arguaient de leur côté que cette nouvelle loi engendrerait des emplois plus précaires, bref, il valait mieux pas d'emploi du tout que des emplois un peu plus précaires.

Je comprends très bien la frustration des jeunes Grecs, toutefois, ils perdent mon entière sympathie en s'alliant avec les Syndicats, les fonctionnaires, les retraités et ceux qui profitent de rentes de situation.

Peu importe la qualité des gouvernements, il y a des gens qui les élisent et qui les maintiennent au pouvoir. Les citoyens peuvent se tromper et faire de mauvais choix de gouvernement. Les groupes de pression comme les syndicats ont des intérêts très précis qui vont rarement dans le sens du bien commun.

Le rêve

Ce que je conseille aux jeunes, c'est de se dissocier des parasites qui les ont précédé. De plus, comme il est devenu clair que malgré les efforts qui seront fait, les plans de sauvetage assureront pauvreté et horizons bouchés pour plusieurs années.

Si j'étais un jeune Grec, je quitterais ce pays maudit le plus discrètement, mais le plus rapidement possible en ne regardant pas derrière. Je laisserais mariner les responsables, de cette catastrophe, dans cette lie financière, comme on met le nez du chien dans son caca afin de le punir.

Je pense qu'ainsi, ça obligerait la Grèce à faire faillite au lieu de perpétuer la mutualisation de la fuite en avant sans espoir de lendemains moins gris, que sont les « bailouts ».

Si les jeunes y restent, sans espoirs, les risques de violences et d'exactions intergénérationnelles augmenteront dangereusement. Si ce n'est pas intergénérationnel, ce sera interracial.

Je ne dis pas aux jeunes d'être des fuyards, mais de quitter pour provoquer la faillite et ensuite, revenir à leurs conditions et au moment jugé opportun. Ils doivent être néanmoins prêt à ne jamais revenir.

Je ne leur demande pas non plus de choisir le chemin facile, mais plutôt celui de la conséquence et de la justice.

Si les banques ont une partie de la responsabilité, ils doivent en subir les conséquences; Si l'Europe a une part de responsabilité, ne serait-ce que pour avoir fermé les yeux sur des irrégularités certaines ou pour avoir créé une zone à monnaie unique avec une politique monétaire centralisée sans égards aux conjonctures régionales, elle doit en subir les conséquences; si les retraités - et ceux qui jouissent de rentes de situations payées à même l'avenir de leurs enfants et de leurs petits enfants - ont élu des gouvernements irresponsables et qu'ils en ont profité, ils doivent en subir les conséquences; si les fonctionnaires n'ont jamais perdu leur emploi ou qu'ils n'ont jamais vu leurs conditions de travail réduites à cause de compressions budgétaires qui auraient été nécessaires durant les conjonctures économiques difficiles, ils méritent d'en subir les conséquences; Si les syndicats et autres groupes d'intérêts ont fait des pressions - et ils en ont fait - pour maintenir ce système gaspilleur étatiste afin d'augmenter leur pouvoir et leur richesse (cotisations) pour avoir davantage d'influence, au détriment du futur des jeunes, ils méritent d'en subir les conséquences.

Quelle meilleure façon de faire subir les conséquences à ceux qui les méritent, qu'en quittant la Grèce.

Hormis les jeunes, aucune autre classe n'a la légitimité pour quitter le pays.

Si les autres le faisaient, ce serait l'équivalent des rats qui quittent un navire maudit.

Ce serait non seulement illégitime, mais carrément indécent.

Que les jeunes aillent voir ailleurs ce qui se fait de bien. Cet enseignement ne viendra ni de leurs parents ni de leurs grands-parents, car ils sont tarés en matière de finances, d'économie et de responsabilité individuelle.

En échange, qu'ils enseignent à leurs hôtes, quels comportements et quelles politiques sont à éviter pour ne pas répéter le fiasco grec.

La réalité

Évidemment, ce serait trop beau si tous les jeunes ayant du potentiel quittaient en masse la Grèce pour des pays propices au développement de leur plein potentiel.

Toutefois, il serait très surprenant que ça se fasse et, le cas échéant, que ça se fasse rapidement.

J'espère, au moins, que lorsqu'un certain calme sera rétabli, que tous les retraités, politiques, syndiqués et fonctionnaires regarderont le sol à chaque fois qu'ils croiseront un jeune.


Yannick Gagné
Libre@penseur
30 juin 2011