dimanche 29 mai 2011

La surprise de Labeaume


Le Maître de Québec a peur et il a décidé de se décharger de cette frousse - de toute évidence, trop lourde à porter pour notre petit homme - sur les citoyens du Québec. Depuis une semaine et demie, il traine sa misérable bouille de victime, à l'Assemblée Nationale, afin qu'on ramasse, à sa place, les pots cassés par son incurie et son impétuosité.

Quoi de plus naturel pour un maire mégalo mais négligent, d'exiger que l'on protège le fruit de son incompétence, au lieu de refaire, lui-même, le travail correctement.

L'intempestif maire de Québec est donc en cabale auprès de la députation provinciale afin de protéger, son entente de gestion bancale, conclue avec Quebecor, contre toute poursuite judiciaire.

Actuellement, les députés de l'Assemblée Nationale acceptent béatement d'écouter un élu municipal qui leur demande, ni plus ni moins, de restreindre une liberté fondamentale de tout citoyen. Surpris? Pas vraiment.

Le despote de Québec est autant admiré que craint par le PM, les chefs du PQ et de l'ADQ ainsi que par les députés. On admire sa popularité et son pouvoir et l'on craint autant, sinon plus,... sa popularité et son pouvoir.

Ceux qui auraient dû se lever immédiatement pour démontrer leur opposition à cette spoliation de liberté, sont les membres de l'ADQ. Au contraire, ils sont demeurés étrangement silencieux, si ce n'est pour dire qu'ils voulaient entendre ce que Labeaume avait à dire. Pardon??? C'est quoi l'affaire? Vous voulez que Labeaume vous donne des trucs d'aliénation de droits fondamentaux? Vous avez peur qu'il se livre à une vendetta contre vous, comme il l'a fait avec les députés conservateurs de la rive-nord de Québec? Vous voulez vous montrer magnanimes?

Toutes ces raisons sont mauvaises.

Ce parti qui se présente en farouche défenseur des libertés individuelles et en réformateur de l'État et de son obésité, vient d'échouer lamentablement le test. Imaginez ça.  On accepte d'écouter quelqu'un qui demande qu'on protège l'État contre les méchants citoyens, en les empêchant de contester, par la voie des tribunaux, une entente de gestion qu'ils jugent illégale.  Je dois rêver.

Comprenez-moi bien. J'exècre tout ce qui a gravité autour de Jean-Paul L'Allier. D'ailleurs, l'homme à la particule oiseuse qui s'oppose à l'entente signée avec Quebecor ne m'inspire aucunement confiance. DeBelleval - ancien renifleur de pets de Jean-Paul L'Allier - peut bien être motivé par les intérêts qu'il veut,  je ne voudrais pas vivre dans une société qui l'empêche d'exercer ses droits.

Mais comment peut-on passer de la construction d'un aréna multi-tâche, à un débat sur la préservation d'un droit fondamental? En passant, ce débat sur les libertés fondamentales n'existe pas à l'Assemblée Nationale. Il est totalement occulté depuis le début.

Il faut comprendre que pour les gouvernements, quels qu'ils soient, l'opportunité de s'arroger un droit et d'asservir toujours un peu plus la plèbe, est une occasion qu'on ne veut pas manquer. En effet, chaque année, nous perdons de plus en plus de libertés, au fur et à mesure que de nouvelles lois sont adoptées. C'est la manière douce de procéder. Que feraient-ils, nos pauvres politiciens, s'ils n'étaient pas en train d'adopter des lois ou de distribuer les subventions? Il y en a qui trouveraient le temps long.

Il faut dire que dans le cas qui nous intéresse, les prétendus gens de droites de Québec - quelle farce monumentale - rendent la partie extrêmement facile au maître de Québec ainsi qu'à ses valets de l'Assemblée Nationale. Avec un appui de 80% de la population de Québec, ce maire à tendance mégalomaniaque est à risque de se sentir investi d'une mission divine.  Et qui veut s'opposer à un homme investi d'une telle mission? Seulement des fous, des gens courageux ou des gens ayant des convictions.  Force est d'admettre que les gens courageux ou ayant des convictions ne sont pas légions, à Québec, lorsqu'on brandit la menace de perdre ce que nous n'avons plus depuis plus de 15 ans déjà, en l'occurrence, une équipe de la NHL.

Mais, quel est le lien entre un retour, soi-disant, compromis, de la NHL à Québec, et une entente de gestion, non protégée, qui n'entrera en vigueur que lorsque l'amphithéatre ouvrira ses portes, en 2015 ou plus tard? Allez savoir...

Selon les exaltés du retour de la NHL - dont fait partie notre Jacques Villeret de la politique municipale québécoise, Régis Labeaume -, une contestation de l'entente de gestion risquerait d'annihiler le rêve de revoir une équipe à Québec, d'autant plus que la fenêtre d'opportunité serait ouverte, actuellement, mais qu'elle se refermera pour plusieurs années si nous n'en profitons pas immédiatement. D'autres voient l'impossibilité de construire le nouvel aréna, si l'entente de gestion n'est pas signée, au plus tard en septembre 2011 - nouvel ultimatum de notre Napoléon du Moulin à images.

Il y a beaucoup de choses là-dedans. Évidemment, il y a beaucoup de délire, mais il y a plus.

Premièrement, pour ceux qui pensaient que nous aurions pu avoir une équipe dès cette année, je ne sais pas trop quoi vous dire. Le proprio des Thrashers vend son équipe parce qu'il ne peut plus se permettre de perdre plus de 20M$/an. Or, il est clairement établis que même si le Colisée actuel était remplis à ras bord, soir après soir, une équipe de la LNH y perdrait plus de 20M$/an. De plus, jamais la NHL n'autoriserait le déménagement d'une de ses franchises, dans de telles conditions, pour plus de 2 ans.  Ceci nous amène à l'automne 2013, au minimum, avant de pouvoir espérer voir jouer les Nordiques dans l'ancien Colisée.

Justement. Quelle est l'entente entre Quebecor et la Ville de Québec, pour l'utilisation et/ou la gestion de l'ancien Colisée de 2013-2015 - si équipe de la NHL, il y a évidemment? Je n'en sais rien. Est-ce important? Je ne le sais pas plus.

Toutefois, une fois que PKP obtient une équipe pour la saison 2013, il fait quoi? Il exploite l'équipe deux ans et la revend à d'autres intérêts, s'il n'a pas la gestion du nouveau building? S'il sait déjà, en 2013, que c'est Bell qui a obtenu le contrat de gestion, il est fort probable qu'il ne serait plus intéressé à l'obtention d'une équipe. Est-ce que Bell le serait? Rien de moins certain, étant donné sa participation dans la vache à lait qu'est le CH (Produit de faible qualité - pour ne pas dire médiocre Vs Ventes et demande toujours croissante, ça vaut de l'or. Pourquoi bouleverser un si beau et bon modèle?)

C'est ici que semble se trouver la source des craintes de Labeaume.

Pour ce qui est de la peur que le nouvel amphithéâtre ne voit pas le jour si on ne blinde pas l'entente, ce n'est pas sérieux. Il n'y a pas une cenne de privé dans la construction du building. Alors, la contestation d'une entente de gestion n'a pas vraiment le pouvoir d'en empêcher la construction. Selon moi, l'instabilité psychique du Maitre de Québec – qu’elle soit réelle ou virtuelle - est probablement plus à craindre, en ce qui concerne une éventuelle volte-face dans le dossier du nouveau Colisée, que l'absence d'une loi honteuse pour couvrir l'entente de gestion.

Maintenant que nous avons cerné la zone problématique, essayons de réfléchir un peu aux causes et aux solutions.

Retournons un peu en arrière pour nous rappeler un événement important. Alors que le CH était officiellement en vente, PKP s'était lancé dans la course pour l'obtention du club de Hockey Canadiens et du Centre Bell. Il avait offert un peu plus de 500M$. Finalement, c'est un consortium incluant Bell qui l'avait emporté en allongeant un peu plus de 600M$. Ce qui est important de comprendre ici, c'est que PKP faisait une offre pour acheter l'équipe, certes, mais pour acheter le building aussi.

Revenons maintenant aux événements de la dernière semaine et demie. Qu'est-ce qui pousse ou, qui est-ce qui pousse le Maire de Québec à se déshonorer ainsi devant l'Assemblée nationale afin de protéger SON entente?

Vous trouvez le mot "déshonorer", trop fort? C'est votre opinion. Toutefois, on ne peut nier que toute la démarche de Labeaume met au jour, non seulement, son côté brouillon, intempestif et négligeant,  mais aussi son manque de vision.

Comment puis-je oser affirmer qu'un maire idolâtré par plus de 80% des citoyens de sa ville, puisse manquer de vision? Quel prétentieux, je fais. Quelle suffisance.

Tout le monde sait que sans une équipe de Hockey, le nouvel amphithéâtre risque fortement de devenir un éléphant blanc. Les chiffres du Maître de Québec le démontrent bien. D'ailleurs, ce qui allume les gens de Québec, actuellement, n'est pas l'aréna, mais le rêve du retour de la LNH. Ça leur fait, d'ailleurs, perdre tout leur sens critique.

Pourquoi Régis manque-t-il de vision? C'est parce que Régis n'a pas vu venir un élément extrêmement important. En construisant un Building 100% public, il vient, ni plus ni moins, de donner le gros bout du bâton à celui qui promettra, mieux que les autres, de ramener une équipe de la LNH à Québec. Même chose si le rêve du retour de l'équipe s'évanoui, le pouvoir appartiendra au gestionnaire de l'immeuble dont la ville devient dépendante de la rentabilité et des caprices.

Qu'est-ce qui se passe depuis une semaine et demie, vous pensez? PKP a lancé un bâton et notre petit roquet de maire est parti le chercher dans les corridors de notre vétuste Assemblée Nationale. C'est pathétique. PKP a-t-il appelé Labeaume pour lui dire qu'il fasse tout pour protéger la sacro-sainte entente? Ce n'est pas nécesssaire.  Le petit chien bien dompté sait qui est le maître et où se trouve son profit. Il n'a pas toujours à attendre les ordres. Voilà où nous en sommes.

PKP a déjà été prêt à acquérir un amphithéâtre.  Même si PKP n'avait mis que 100M$ dans la construction, le rapport de force n'aurait pas été le même.

Comprenez-vous maintenant pourquoi PKP ne voulait que l'entente de gestion et le nom de Videotron sur le Building? Si j'avais été lui, j'aurais fait exactement la même chose. Le gars a un business à gérer et il a des comptes à rendre à des actionnaires - dont nous tous faisont partie, du reste.

Il faut dire que notre chihuahua de la côte de la Fabrique n'a pas été très difficile à rouler dans une tortilla. Un Étatiste mégalo et narcissique n'est pas difficile à convaincre de la nécessité de construire un bâtiment, ne serait-ce que pour démontrer sa supériorité à la pauvre entreprise privée qui, toute riche qu'elle soit, ne peut réaliser d'aussi grandes choses que l'État tout puissant.

De plus, si PKP achète le building et que la ville FINANCE l'achat au moyen d'un prêt à taux avantageux ou sans intérêts, il n'y a pas d'histoire d'entente de gestion bancale ni de menaces de poursuites et surtout, PKP a plus qu'intérêt à ce que ça fonctionne car SON argent est dans ce building. La ville aussi veut que ça fonctionne car c'est elle qui finance PKP. Le rapport de pouvoir est ainsi plus équilibré.

En fait, l'histoire de la rencontre entre PKP et Labeaume se résume fort probablement ainsi :

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois."
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. "
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus. 


"Une belle tête de vainqueur" - Pierre Brochand, Le dîner de cons




Yannick Gagné
Libre@penseur
28 mai 2011


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