Guy Sorman, Économiste
New-York, NY
23 septembre 2009
Le monde va bien : le Soudan est en paix, le Congo est calme, le Proche-Orient prospère, Taiwan n’est plus menacé, le Venezuela n’inquiète plus, les Tibétains sont joyeux, les Talibans en retraite, El Quaida a disparu, la prolifération nucléaire est stoppée, les pandémies virales sont éteintes. N’est-ce pas ce qui se déduit de l’Assemblée générale des Nations Unies, ce jour à New-York ? Aucune de ces menaces sur l’ordre mondial que l’ONU incarne, n’ayant été publiquement débattue à la tribune par les chefs d’Etat qui se succèdent, on en conclut que ces dangers n’existent pas ou pour le moins, ne sont pas prioritaires. Humour noir ? Ironie déplacée ? Je constate que les intervenants n’évoquent que le réchauffement climatique et que les applaudissements dans la salle des conférences sont proportionnés à la réduction de Dioxyde de carbone à laquelle chacun s’engage. Ou feint de s’engager. Entre les Etats-Unis et la Chine, la compétition ne porte plus sur la paix, la démocratie, le respect des minorités mais sur la météo hypothétique, dans vingt ans. « Plus Vert que moi, tu meurs », laisse entendre Hu Jintao en défi à Obama. On sait ce que valent les promesses d’un Président chinois, mais en popularité, voici Obama distancé. Le Premier ministre japonais, plus audacieux encore, a juré que d’ici 2020, les émissions de CO2 de son pays seraient réduites de 25% : compte tenue de la récession japonaise, voici un objectif qui pourrait bien être atteint.
Cet unanimisme béat autour du climat s’interprète : il confère aux intervenants une stature morale, une sorte de légitimité et les apparences de l’autorité. Cet engagement écologique est d’autant plus tentant qu’il porte sur le long terme de la part de chefs d’Etat à court terme. Pas plus Hu Jintao qu’Obama ou Sarkozy, n’auront à rendre des comptes en 2025.
L’assemblée générale de l’ONU est composée, on le sait, de kleptocrates, de tyrans et de quelques démocrates : il n’empêche qu’elle représente une esquisse d’ordre mondial légal. Mais en débattant de la Nature plutôt que de l’Humanité souffrante hic et nunc, l’ONU n’est plus qu’à la mode.
Une mode qui se démode ? L’Institut maritime Leibniz à Kiel, une autorité en climatologie, révèle ce jour que les températures moyennes mondiales n’ont pas varié depuis dix ans. Un « plateau » qui ne présume pas de l’avenir note l'étude , mais tout de même.
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