jeudi 17 septembre 2009

Écolocratie



Nathalie Elgrably-Lévy, Économiste
Le Journal de Montréal, p. 21
17 septembre 2009


Pendant des siècles, et jusqu’à la Révolution Tranquille, les comportements humains et les relations interpersonnelles étaient sous les diktats de l’Église. Aujourd’hui, les hommes en soutane exercent peu d’influence, et les valeurs religieuses s’effacent au profit de celles de l’extrémisme écologique.

Certes, éviter le gaspillage et veiller à la protection de l’environnement sont des principes incontestables que nous devrions tous respecter. Toutefois, un nombre croissant de fondamentalistes de l’environnement s’affairent à baliser nos gestes les plus banals, à nous dicter nos comportements et à imposer graduellement une écolocratie.

Pour faire preuve d’écocivisme, recycler, composter, et se servir de sacs réutilisables est jugé maintenant insuffisant. Il faut manger des produits bios cultivés localement, marcher ou prendre les transports en commun, éviter les voyages en avion, réduire le chauffage en hiver et la climatisation en été, s’éclairer avec des fluocompactes, sécher ses cheveux et son linge à l’air libre, boycotter les papiers mouchoirs, les serviettes de papier et les essuie-tout, remiser sa brosse à dents électrique, s’équiper d’un réveille-matin mécanique, passer le balai plutôt que l’aspirateur, faire son ménage avec du bicarbonate de soude, choisir les textiles bios, devenir végétarien, acheter usagé , limiter le nombre de fois qu’on tire la chasse d’eau, etc. Une ONG brésilienne a même lancé une campagne publicitaire pour convaincre les gens de faire pipi sous la douche!

Les commandements que doit observer l’éco-citoyen responsable sont multiples et touchent tous les aspects de la vie quotidienne, mais ils seraient, semble-t-il, indispensables pour sauver la planète. Il est évident qu’aucun sacrifice n’est trop important lorsque l’avenir de l’humanité et de son habitacle sont en jeu. À l’instar de la majorité des gens, je renoncerais au confort qu’offre la vie moderne et j’adopterais un style de vie qui rappelle celui de nos ancêtres si la vie sur terre en dépend. Mais avant de faire de l’écologie un principe supérieur auquel nous devons respect et obéissance inconditionnels, les sectateurs de la religion verte pourraient-ils répondre au préalable à quelques questions ?

1) Si l’être humain est responsable du réchauffement climatique, comment expliquer que la planète Mars se réchauffe alors qu’elle est inhabitée?

2) Si l’activité solaire est responsable de l’augmentation de la température sur Mars, pourquoi ne serait-elle pas également la cause des phénomènes observés sur Terre?

3) Comment expliquer les cycles de réchauffement et de refroidissement enregistrés bien avant l’avènement du moteur à combustion?

4) Comment expliquer que le niveau de CO2 était 8 fois plus élevé à l’époque des dinosaures qu’il ne l’est aujourd’hui?

5) Pourquoi les données des Nations-Unies ne révèlent-elles aucun réchauffement depuis 1995?

6) Que penser des scientifiques qui sont nombreux à annoncer un refroidissement de la planète?

7) Pourquoi persister à dire que le débat est clos alors que des centaines de scientifiques contestent la thèse du réchauffement?

Poser de telles questions, ce n’est pas attaquer l’écologie. Au contraire, c’est vouloir séparer le grain de l’ivraie, et éviter les dérives idéologiques qui engendrent des réglementations inutiles, absurdes et coûteuses. Et puis, n’est-ce pas au questionnement que nous devons l’avancement des connaissances?

En revanche, invoquer un pseudo consensus pour étouffer les voies discordantes, c’est assassiner la science pour entretenir une croyance. C’est mépriser la vérité au profit d’une écolocratie déterminée à imposer l’idéologie de la décroissance. Notre niveau de confort actuel est le résultat de milliers d’années de travail et d’efforts. Allons-nous vraiment y renoncer sans réel débat?

Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

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