mardi 3 février 2009

Hôpital de l'Enfant-Jésus : Un brillant neurochirurgien part pour les États-Unis



Johanne Roy
03/02/2009 12h39


L’hôpital de l’Enfant-Jésus perd un brillant neurochirurgien, le Dr Michel Lacroix, qui s’en va pratiquer aux États-Unis, a appris le Journal.

Âgé de 44 ans, le Dr Lacroix possède une expertise unique au Québec en neurochirurgie oncologique et chirurgie spinale. Son départ imminent survient après celui de son collègue, le Dr Daniel Lacerte, parti pour le Texas il y a trois ou quatre ans, avec tout son bagage en chirurgie de l’épilepsie.

Le Dr Lacroix n’a pu être joint, hier, mais en entrevue au Journal, en novembre 2006, il ne cachait pas qu’il envisageait sérieusement de poursuivre sa carrière aux États-Unis, de guerre lasse, à cause des conditions contraignantes de pratique ici.

« Au Québec, on sacrifie en ce moment une médecine d’élite. J’ai l’impression d’être un pilote de formule 1 confiné à une Chevrolet. Nous n’avons pas un environnement où l’on se sent reconnus et appuyés. On fait de la médecine à rabais », avait-il alors exprimé.

Le neurochirurgien faisait notamment référence aux salaires moindres, au manque de soutien pour l’enseignement et la recherche, aussi bien qu’à l’insuffisance de lits et de moyens techniques. Le Dr Lacroix s’était dit disposé à rester au Québec s’il voyait une volonté gouvernementale d’améliorer les choses. Force est de constater, deux ans plus tard, que ses attentes ont été déçues.

Au cours des cinq dernières années, au moins sept neurochirurgiens québécois ont quitté la province. En 1980, on dénombrait 70 neurochirurgiens au Québec, alors qu’on n’en compte environ que 46 actifs, aujourd’hui. Le départ du Dr Lacroix, un spécialiste au sommet de sa dextérité, est une perte importante pour l’hôpital de l’Enfant-Jésus.

Au gouvernement d’agir

« Cela n’a pas de bon sens que le gouvernement laisse partir des médecins de ce calibre », déplore Mme Isabelle Pagé, dont le conjoint de 53 ans a été opéré en juillet dernier par le Dr Lacroix pour une tumeur au cerveau. M. Gilles Beaulieu avait rendez-vous avec le Dr Lacroix, le 18 février, pour un examen de contrôle. Le couple du quartier Neufchâtel a été informé que la rencontre était annulée, en raison du départ du neurochirurgien.

« Le Dr Lacroix est un médecin très humain, rassurant. Cela me fait quelque chose de le voir partir. Lorsqu’on reçoit un diagnostic de cancer, ça bouleverse tout dans notre vie. Nous avons une fille de 13 ans; la maladie affecte le côté monétaire aussi. »

« On perd nos repères. Ce n’est pas rien d’aller se faire jouer dans le cerveau, surtout que la masse était grosse. La confiance envers le chirurgien y est pour beaucoup dans pareil cas. Mon conjoint s’est senti entre bonnes mains avec le Dr Lacroix », souligne Mme Pagé.

Grutier de son métier, M. Beaulieu a bien répondu jusqu’ici aux traitements intensifs de radiothérapie et de chimiothérapie, qui ont suivi la délicate opération. « Cela va mieux pour lui, mais on sait qu’une récidive peut survenir », dit-elle.

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