Le blogue de Reynald Du Berger
Climat, science et société
C’est le cri déchirant qu’on a tous entendu dans les médias, surtout à Radio-Canada. Cri canadien , mais poussé surtout par des Québécois, provenant du camp « de base » situé en effet à la base de l’Everest. Plutôt que nous montrer des Népalais braves et courageux aux prises avec leur tâche de venir en aide à leurs concitoyens victimes de ce drame , les médias de Radio-Canada ont préféré nous montrer et nous faire entendre les plaintes larmoyantes de pleurnichards qui reprochent à leur gouvernemaman canadien de ne pas les avoir pris en charge et sortis illico du pétrin dans lequel ils se sont pourtant fourrés en toute connaissance de cause.
Mais qui sont ces Canadiens « pognés » au Népal par des routes bloquées par des avalanches et des glissements de terrain? De jeunes cadres en congé? des étudiants en sciences molles de l’UQAM en « sabbatique » entre deux manifs? et qui veulent démontrer ainsi leurs prouesses d’alpinistes à des amis en grimpant sur des tas de cailloux qu’une chèvre peut escalader plus rapidement et avec plus d’élégance? Si seulement ils s’agissait de travailleurs bénévoles humanitaires. Non, la plupart ne sont là que pour le « trip » et pour ainsi épater leur galerie.
Ont-ils seulement pris le temps de consulter le site « conseils aux voyageurs canadiens » avant de choisir d’aller tenter cette aventure?
J’ai visité une soixantaine de pays, dont plusieurs qualifiés de « pays de cul » par les proches qui voulaient m’en dissuader. Plusieurs de ces pays – Libye, Syrie, Liban, Iran, Yémen- avaient des alertes rouges. J’y suis allé quand-même, en assumant les risques. Avant de partir, j’ai prévenu mes proches et ma famille, que si jamais j’étais dans la merde, il ne fallait pas demander au gouvernement canadien de me venir en aide. J’avais lu les consignes claires du gouvernement, j’avais choisi d’y aller quand-même et j’assumais les risques, risques de catastrophes naturelles ou d’enlèvements comme au Yémen.
À Bosra en Syrie, j’ai été encerclé par un groupe de jeunes de l’Université de Damas qui ont finalement ouvert le cercle qu’ils avaient formé autour de moi, mais seulement après que j’eus prononcé un serment d’allégeance à Ben Laden – c’est la seule fois où j’ai parlé arabe- . J’ai assumé le risque. En Iran, j’ai été repéré deux fois par la police religieuse et il aurait pu m’en cuire vu les contacts pourtant interdits que j’ai eus avec des ingénieurs et étudiants iraniens.
Voici , pour les exaltés et potentiels ascenseurs d’Everest qui ne peuvent se retenir, la consigne canadienne pour le Népal.
Voici des consignes que j’ai choisi d’ignorer mais en assumant pleinement les conséquences. »
YÉMEN – ÉVITEZ TOUT VOYAGE
Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada recommande d’éviter tout voyage au Yémen, étant donné que les conditions de sécurité se sont détériorées considérablement et que les étrangers courent des risques extrêmes. Il n’est plus possible de quitter le pays par des moyens commerciaux. Si vous demeurez au Yémen, trouvez un abri sauf et restez-y, sauf si vous pouvez trouver un moyen sécuritaire de quitter le pays. La capacité du gouvernement du Canada à offrir de l’assistance consulaire au Yémen est extrêmement limitée. Voir Sécurité pour plus de renseignements.
LIBYE – ÉVITEZ TOUT VOYAGE
Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada recommande d’éviter tout voyage en Libye en raison de l’insécurité persistante dans l’ensemble du pays : un conflit armé y fait rage depuis longtemps, il y a un risque élevé d’attentats terroristes, la situation politique est imprévisible et le taux de criminalité élevé. Si vous vous trouvez actuellement en Libye, vous devriez quitter ce pays dès maintenant par le moyen le plus sûr.
La capacité du gouvernement du Canada à fournir des services consulaires aux citoyens canadiens qui se trouvent en Libye est extrêmement limitée. L’ambassade du Canada en Libye, à Tripoli, a suspendu ses activités jusqu’à nouvel ordre. Les représentants canadiens ont quitté le pays. Les Canadiens qui se trouvent en Libye devraient communiquer avec l’ambassade du Canada en Tunisie, à Tunis, ou avec le Centre de surveillance et d’intervention d’urgence à Ottawa pour obtenir une assistance consulaire d’urgence. Il est vivement conseillé aux Canadiens de s’inscrire auprès du service d’Inscription des Canadiens à l’étranger.
Les Canadiens qui se rendent en Libye ou qui y séjournent malgré cet avertissement doivent s’assurer que leurs documents de voyage sont en règle, limiter leurs déplacements et se tenir au courant des dernières nouvelles. Des incidents violents peuvent se produire soudainement, et l’on court de grands risques de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Faites preuve d’une extrême prudence, ayez un plan d’urgence et soyez constamment sur vos gardes.
Faudra-il des panneaux de rappel à ce fameux « camp de base » à l’adresse des Canadiens « Grimpez à vos risques et périls » après la mise en garde ignorée par plusieurs et pourtant claire pour plusieurs pays à la situation politique ou géologique instable?
Les Québécois , contrairement au reste de la francophonie, ont l’habitude de regrouper des expressions qu’ils ne savent pas utiliser comme « ça m’interpelle, ça me gêne, ça m’attriste, ça me chagrine, ça me touche, ça me dérange, ça m’émeut , ça me peine etc » par une seule expression passe-partout, « ça vient m’charcher! »
Le sort de ces pauvres Népalais me chagrine, mais ne reprochons pas au Canada ne ne pas aller « charcher » ces aventuriers téméraires qui n’ont même pas pris le soin de lire le mode d’emploi du bourbier dans lequel ils se sont volontairement enlisés.
Le blogue de Reynald Du Berger Climat, science et société
jeudi 30 avril 2015
MÔMAN !… VIENS M’CHARCHER !!!
Libellés :
conséquences,
Népal,
pleurnichards,
responsabilité,
risque
Pays/territoire :
Charny, Canada
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