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lundi 5 octobre 2009
Dette du Québec en temps réel
dimanche 4 octobre 2009
Assez, c’est assez!
Nathalie Elgrably-Levy, Économiste
Le Journal de Montréal, p. 23
01 octobre 2009
Les politiciens sont difficiles à suivre. Et pour cause! Ils sont capables de défendre tout et son contraire!
Il y a quelques mois à peine, on attribuait les troubles économiques à la faiblesse des dépenses de consommation. Tout irait mieux si les consommateurs déliaient les cordons de leurs bourses, disait-on.
La première prémisse largement véhiculée est donc fort simple: pour que l’économie prospère, il faut que les Québécois dépensent. Et s’ils ne sont pas d’humeur dépensière? Dans ce cas, l’État doit se substituer aux consommateurs et augmenter ses dépenses publiques. On disait même que les déficits étaient l’antidote à la crise économique. Admettons!
Comme il fallait s’y attendre, cette logique a mis le Québec dans le rouge, et le gouvernement Charest doit maintenant trouver des moyens pour remettre la province sur la voie de l’équilibre. Son parti s’est d’ailleurs réuni le week-end dernier pour évaluer l’effort financier supplémentaire qui sera demandé aux contribuables. Implicitement, la seconde prémisse est donc que la santé des finances publiques passe par les poches des Québécois. Un classique!
Or, les deux prémisses sont incompatibles. D’une part, l’État nous dit de dépenser plus pour relancer l’économie, et d’autre part il veut réduire notre pouvoir d’achat en augmentant tarifs et impôts. Bravo pour la cohérence!
Ce n’est pas tout. Québec a récemment affirmé s’endetter pour stimuler l’économie. Maintenant, pour contrer l’endettement, il veut augmenter les impôts et les tarifs, ce qui aura pour effet de ralentir l’économie. Un ralentissement qu’il voudra plus tard maîtriser par une hausse de l’endettement, lequel l’obligera encore à alourdir le fardeau fiscal, etc. En somme, plus l’État veut soutenir l’économie, plus il est contraint de l’affaiblir.
Le véritable problème, ce n’est donc ni le coût trop bas de l’électricité ni le niveau de la taxe de vente. C’est surtout que nos élus sont prisonniers d’une logique schizophrénique héritée de la Révolution tranquille alors qu’on entretenait l’idéal de l’État-providence. Un demi-siècle plus tard, le Québec est l’une des régions les plus pauvres et les moins productives en Amérique du Nord. Et bien que nous soyons parmi les contribuables les plus taxés, Québec enregistre une dette importante qui augmente dangereusement. Après des décennies d’excès, on se réveille avec la gueule de bois.
Aujourd’hui, Québec vit aux crochets des travailleurs et leur en demande toujours plus. Il a été fiscalement indiscipliné et compte sur les contribuables pour regarnir ses coffres. Mais une hausse des tarifs et des taxes ne changera rien, car la mentalité keynésienne a amené Québec a développé une dépendance face à la dépense. Nos élus sont devenus des «accros du shopping»! Et plus on leur donnera d’argent, plus ils en dépenseront. Tout comme ce n’est pas en fournissant de la drogue au toxicomane qu’il pourra se libérer de sa dépendance, ce n’est pas en faisant les frais des extravagances budgétaires de Québec que la province retrouvera la santé fiscale.
Les Québécois travaillent dur pour gagner leur argent, et il est fondamentalement injuste qu’ils doivent se priver parce que le grand argentier est incapable de boucler son budget. Jean Charest compte tenir une «vaste consultation» sur les mesures à adopter pour revenir à l’équilibre budgétaire. Saisissons donc l’occasion pour lui faire comprendre clairement que nous contribuons déjà plus que notre juste part, qu’il est indécent de nous en demander davantage, et que son gouvernement devrait s’inspirer de la population… et apprendre à vivre selon ses moyens. Assez, c’est assez!
Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.
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