jeudi 5 février 2009

Crise, qui est coupable?





Guy Sorman, pour ABC
05 février 2009


La crise économique est aussi une guerre idéologique : sur les origines de la récession, on cherche des coupables et sur les manières d’en sortir, on demande des prophètes. La ligne de front est connue : aux étatistes, elle oppose les libéraux, partisans du marché et de la mondialisation. Pour les étatistes , cette crise sonne comme une revanche après trente ans de domination de la doctrine libérale et de ses succès universels. Les libéraux, ébranlés par une crise qu’ils n’avaient pas envisagée, en sont encore à interpréter les événements : mais la pensée libérale, expérimentale par définition, serait infidèle à elle-même si elle n’évoluait pas. Les étatistes sont, eux, de tradition plus doctrinaire ; envisageons aussi qu’ils représentent les intérêts concrets de la bureaucratie publique. La revanche idéologique des étatistes est une reconquête du pouvoir, tandis que du côté libéral, les intérêts sont dispersés : les libéraux coïncident avec les intérêts des entrepreneurs, mais ne sont pas au service du patronat établi .

Les origines de la crise : est-ce une défaite de la pensée libérale ? Les économistes se querellant encore sur la Dépression de 1930, il paraît difficile de désigner dès maintenant les coupables du krach de 2008. Il n’empêche : pour les étatistes, la crise serait due au manque de réglementation, la faiblesse de l’Etat aurait conduit à l’hyperspéculation. À cette thèse, les libéraux opposent deux arguments. La spéculation immobilière aux Etats-Unis, point de départ de la crise, a été vivement encouragée par l’Etat ; les crédits hypothécaires bénéficiant d’une garantie publique (par les banques Freddie Mac et Fanny Mae), les banques ont prêté et les emprunteurs se sont endettés au-delà du raisonnable. L’Etat aurait donc faussé le marché ! Autre argument libéral : le laxisme de la Banque centrale américaine. Anna Schwartz (cofondateur avec Milton Friedman, de la théorie monétariste) accuse Alan Greenspan et son successeur Ben Bernanke d’avoir inondé le marché d’une quantité de monnaie incontrôlée. Auteur de l’Histoire monétaire des Etats-Unis, Anna Schwartz rappelle que toutes les crises américaines ont toujours été générées par la surabondance de monnaie : elle seule permet la spéculation et les bulles. Réglementer les marchés financiers lorsque ceux-ci croulent sous l’argent, dit Anna Schwartz, est techniquement impossible. Pour cette raison, Milton Friedman recommandait que la monnaie soit gérée selon des critères arithmétiques et non pas au gré de l’humeur des banquiers centraux et des gouvernements.

Les étatistes interprètent donc la crise comme née d’une insuffisance d’Etat et les libéraux , d’une incapacité de l’Etat ; libéraux et étatistes divergent autant sur les solutions. Les circonstances aidant, ce sont aujourd’hui, les étatistes que l’on entend et qui décident ; les libéraux sont relégués dans l’opposition. Dans tout l’Occident (en Asie, on est plus prudent), il n’est question que de réglementation et de dépenses publiques. Par bonheur, nous ne sommes plus dans les années 1930 ni dans l’après-guerre : les appels au protectionnisme, au nationalisme et au socialisme restent ultra minoritaires. Les étatistes ont intériorisé les progrès de la science économique : ils admettent qu’il faut rétablir le marché, pas y renoncer.

Mais en quoi la dépense publique pourrait-elle relancer la croissance ? L’espoir repose sur le « multiplicateur Keynésien » : chaque Euro investi dans l’économie produirait à terme une fois et demie sa valeur et autant d’emplois dérivés. Théorie séduisante , mais envisagée comme fausse dès 1974 par Robert Barro parce que tout Euro investi par l’Etat est soustrait au secteur privé ; or , les investissements publics sont généralement moins productifs que les investissements privés. La dépense publique peut être un facteur de relance , on ne le sait pas par avance ; de manière certaine elle est un transfert de pouvoir des entrepreneurs privés vers les bureaucrates publics. Contre la crise, les libéraux proposent donc, non pas des dépenses publiques, mais des réductions d’impôts durables favorables à l’investissement privé, supposé plus efficace que l’investissement public .

À ces relances , étatiste par la dépense publique et libérale par la baisse des impôts, on objectera qu’elles ne s’attaquent pas à la racine de la crise : la défaillance généralisée du crédit. La crise actuelle est avant tout financière et le restera aussi longtemps que les banques se méfieront les unes des autres ; le crédit ne sera rétabli que par l’élimination des dérivés financiers toxiques qui encombrent les bilans. Faudrait-il nationaliser les banques ? Les étatistes y sont favorables, mais tous les Etats ne sont pas solvables et rien ne garantit qu’une banque nationalisée sera gérée de manière rationnelle. Les libéraux suggèrent plutôt que les dérivés toxiques soient mis sur le marché qui en fixera le juste prix : le risque de cette solution libérale est la faillite de certaines institutions financières. « Mieux vaudrait la faillite d’entreprises mal gérées que de prolonger indéfiniment le gel du crédit », dit Anna Schwartz. Radicalement libérale, elle est favorable à l’application du principe capitaliste de « création destructrice » aux banques : des entreprises comme les autres.

Ces solutions libérales ont été synthétisées dans une pétition en circulation, rédigée par deux Prix Nobel d’économie, Ed Prescott et Vernon Smith. « Tous les économistes ne sont pas devenus Keynésiens, écrivent-ils, et tous ne considèrent pas que la dépense publique améliore la croissance. La dépense publique au temps de Franklin Roosevelt n’a pas sorti les Etats-Unis de la dépression des années 1930. Elle n’a pas sauvé l’économie japonaise dans les années 1990. Croire que la dépense publique aide l’économie, c’est un espoir que contredit l’expérience. Le retour à la croissance exige de supprimer les obstacles au travail, à l’épargne et à l’investissement : en particulier par la baisse durable des impôts. »

Cette pétition est actuellement minoritaire, y compris chez les économistes, sensibles aux vents dominants. Mais en 1930, Jacques Rueff en France et Friedrich Hayek en Grande-Bretagne étaient minoritaires : ils accusaient la théorie Keynésienne de conduire à l’inflation et pas au plein emploi. L’histoire leur a donné raison. Pendant la crise de 1974 à 1979, Robert Barro et Milton Friedman contre le renouveau Keynésien étaient aussi minoritaires, et ils avaient également raison : c’est le retour au libéralisme à partir des années 1980 qui a rétabli l’emploi et la croissance au lieu de l’inflation et du chômage.

Au nom du bonheur commun, souhaitons que les politiques de relance en cours aux Etats-Unis comme en Europe réussissent ; on sait d’expérience, qu’un succès à court terme est possible mais qu’ il serait certainement suivi d’un retour à l’inflation. Il reste donc indispensable de préparer une alternative , ce que Hayek appelait, une utopie de rechange.

mercredi 4 février 2009

Account of Israeli attack doesn't hold up to scrutiny



PATRICK MARTIN
From Thursday's Globe and Mail
January 29, 2009 at 4:00 AM EST


JABALYA, GAZA STRIP — Most people remember the headlines: Massacre Of Innocents As UN School Is Shelled; Israeli Strike Kills Dozens At UN School.

They heralded the tragic news of Jan. 6, when mortar shells fired by advancing Israeli forces killed 43 civilians in the Jabalya refugee camp in the Gaza Strip. The victims, it was reported, had taken refuge inside the Ibn Rushd Preparatory School for Boys, a facility run by the United Nations Relief and Works Agency.

The news shocked the world and was compared to the 1996 Israeli attack on a UN compound in Qana, Lebanon, in which more than 100 people seeking refuge were killed. It was certain to hasten the end of Israel's attack on Gaza, and would undoubtedly lead the list of allegations of war crimes committed by Israel.

There was just one problem: The story, as etched in people's minds, was not quite accurate.

Physical evidence and interviews with several eyewitnesses, including a teacher who was in the schoolyard at the time of the shelling, make it clear: While a few people were injured from shrapnel landing inside the white-and-blue-walled UNRWA compound, no one in the compound was killed. The 43 people who died in the incident were all outside, on the street, where all three mortar shells landed.

Stories of one or more shells landing inside the schoolyard were inaccurate.

While the killing of 43 civilians on the street may itself be grounds for investigation, it falls short of the act of shooting into a schoolyard crowded with refuge-seekers.

The teacher who was in the compound at the time of the shelling says he heard three loud blasts, one after the other, then a lot of screaming. "I ran in the direction of the screaming [inside the compound]," he said. "I could see some of the people had been injured, cut. I picked up one girl who was bleeding by her eye, and ran out on the street to get help."But when I got outside, it was crazy hell. There were bodies everywhere, people dead, injured, flesh everywhere."

The teacher, who refused to give his name because he said UNRWA had told the staff not to talk to the news media, was adamant: "Inside [the compound] there were 12 injured, but there were no dead."

"Three of my students were killed," he said. "But they were all outside."

Hazem Balousha, who runs an auto-body shop across the road from the UNRWA school, was down the street, just out of range of the shrapnel, when the three shells hit. He showed a reporter where they landed: one to the right of his shop, one to the left, and one right in front.
"There were only three," he said. "They were all out here on the road."

News of the tragedy travelled fast, with aid workers and medical staff quoted as saying the incident happened at the school, the UNRWA facility where people had sought refuge.

Soon it was presented that people in the school compound had been killed. Before long, there was worldwide outrage.

Sensing a public-relations nightmare, Israeli spokespeople quickly asserted that their forces had only returned fire from gunmen inside the school. (They even named two militants.) It was a statement from which they would later retreat, saying there were gunmen in the vicinity of the school.

No witnesses said they saw any gunmen. (If people had seen anyone firing a mortar from the middle of the street outside the school, they likely would not have continued to mill around.)
John Ging, UNRWA's operations director in Gaza, acknowledged in an interview this week that all three Israeli mortar shells landed outside the school and that "no one was killed in the school."

"I told the Israelis that none of the shells landed in the school," he said.

Why would he do that?

"Because they had told everyone they had returned fire from gunmen in the school. That wasn't true."

Mr. Ging blames the Israelis for the confusion over where the victims were killed. "They even came out with a video that purported to show gunmen in the schoolyard. But we had seen it before," he said, "in 2007."

The Israelis are the ones, he said, who got everyone thinking the deaths occurred inside the school.

"Look at my statements," he said. "I never said anyone was killed in the school. Our officials never made any such allegation."

Speaking from Shifa Hospital in Gaza City as the bodies were being brought in that night, an emotional Mr. Ging did say: "Those in the school were all families seeking refuge. ... There's nowhere safe in Gaza."

And in its daily bulletin, the World Health Organization reported: "On 6 January, 42 people were killed following an attack on a UNRWA school ..."

The UN's Office for the Co-ordination of Humanitarian Affairs got the location right, for a short while. Its daily bulletin cited "early reports" that "three artillery shells landed outside the UNRWA Jabalia Prep. C Girls School ..." However, its more comprehensive weekly report, published three days later, stated that "Israeli shelling directly hit two UNRWA schools ..." including the one at issue.

Such official wording helps explain the widespread news reports of the deaths in the school, but not why the UN agencies allowed the misconception to linger.

"I know no one was killed in the school," Mr. Ging said. "But 41 innocent people were killed in the street outside the school. Many of those people had taken refuge in the school and wandered out onto the street.

"The state of Israel still has to answer for that. What did they know and what care did they take?"

Obama Says He Erred in Nominations (Daschle and Another Pick Withdraw Over Tax Problems)


By Anne E. Kornblut and Michael D. Shear
Washington Post Staff Writers
Wednesday, February 4, 2009; Page A01

President Obama acknowledged yesterday that he had "made a mistake" in trying to exempt some candidates for positions in his administration from strict ethics standards and accepted the withdrawal of two top nominees, including former Senate majority leader Thomas A. Daschle, in the first major setback of his young presidency.

Obama officials had sought a seamless transition, nominating most of his Cabinet at record pace and taking office ready to implement a raft of new policies. His reversal yesterday suggested that speed may have come at a cost, and that Obama, despite the overwhelming popularity he had upon taking office and the major challenges facing the nation, will not be spared from the same kind of scrutiny his predecessors have faced.

In jettisoning one of his closest and earliest political allies, the president appeared eager to make a course correction after days of criticism that his administration was not abiding by its own stated ethical standards and questions about his ability to bring change to the capital.

"Did I screw up in this situation? Absolutely. I'm willing to take my lumps," Obama told NBC's Brian Williams, one of five interviews he gave yesterday afternoon. Obama told the network anchors that there are "not two sets of rules" for people, and said that average taxpayers deserve to have public officials who pay their taxes on time.

Daschle's exit from consideration to lead the Department of Health and Human Services after a firestorm over his failure to pay $146,000 in taxes on time came as a shock to the president's supporters in Washington. Just a day earlier, Obama had pledged his full support for the former Democratic Senate leader who was widely expected to be confirmed. And just hours before Daschle bowed out, Nancy Killefer, Obama's nominee for the newly created position of chief performance officer, also stepped aside because of a tax problem.

Daschle's withdrawal came as a jolt to the administration, serving as a rebuke to Obama officials who had privately and publicly brushed aside the idea that personal tax issues would reach a boiling point. Senior officials had insisted that the public was too concerned with the ongoing economic collapse to fixate on the foibles of the people being marshaled to try and set the nation back on course.

And perhaps most significant, the move threatened Obama's plans to overhaul the health-care system, a central policy initiative and one so important that he had chosen Daschle for a perch both at the Department of Health and Human Services and in the White House itself. Daschle withdrew from consideration for both posts yesterday, and advisers said they did not know whether the next nominee would serve in dual roles, a measure of the disarray the controversy had caused.

Daschle disclosed the decision in a joint statement with Obama, acknowledging that questions about his tax lapses had become "a distraction." "I will not be the architect of America's health system reform, but I remain one of its most fervent supporters," he said.

Obama, in that statement, described Daschle's tax problems as a "mistake" that he did not excuse. But the administration did not fully explain the sudden decision, which came only after media scrutiny and threats from some Republicans that Daschle would face a difficult confirmation process.

Daschle's exit came just hours after Killefer announced her withdrawal amid questions about a $967 tax lien that was placed on her Washington home in 2005 after she did not pay unemployment compensation taxes on household help. Both events upstaged the president's formal announcement of his choice of Sen. Judd Gregg (R-N.H.) as commerce secretary -- and a visit that Obama and the first lady made to read to students at a District charter school.

The administration had initially ignored criticism of Daschle after the disclosure last Friday that he had not paid taxes on a car and driver that a private equity firm had made available to him. As recently as Monday, it still appeared that he would be confirmed by the Senate, where he still had the near-unanimous loyalty of his former Democratic colleagues.

Key lawmakers were also caught off guard by the reversal. Sen. Max Baucus (D-Mont.), chairman of the Finance Committee, who offered Daschle his firm support after a 75-minute meeting on Monday, said he was told just 15 minutes before the news broke. "The tone was almost collegial, it was not acrimonious," Baucus said of the committee meeting, during which senators spent an hour reviewing the report on Daschle's finances and then met with him behind closed doors. "Based on that meeting, I'm a little surprised by Senator Daschle's decision," he said.

Daschle informed Obama of his decision in a phone call yesterday morning, White House officials said.

Sen. Olympia J. Snowe (Maine), a key Republican on the finance panel, said she went home Monday night expecting the confirmation process to go forward and Daschle to be sworn in as the new health secretary. "I thought the process was underway," she said. "All indications were that this was going forward."

Gregory B. Craig, the White House counsel, declined to say whether the latest upheaval would prompt the White House to revisit its rules relating to senior officials coming from the private sector into the administration. Although Daschle was not a registered lobbyist, he represented health-care clients for his law firm and he received more than $250,000 in income from paid speeches and advice given to corporations in the health-care sector.

Before Daschle's decision was announced, a growing number of Senate Republicans began speaking out against his nomination. After holding back criticism for almost four days, some Republicans broke their silence after learning that Killefer was withdrawing her nomination because of what appeared to be a much smaller tax dispute.

"He didn't really have a choice," Sen. John Cornyn (R-Tex.) said, after calling for Daschle to step aside earlier in the day.

Cornyn, chairman of the GOP campaign committee, said the controversy had become "Geithner on steroids," referring to the $43,000 in back taxes new Treasury Secretary Timothy F. Geithner paid before his confirmation vote.
The situation also raised questions about how thoroughly Obama transition officials had vetted their Cabinet nominees.

Officials said yesterday that myriad tax questions had been posed to Daschle, Killefer and Geithner. But the problems were largely dismissed as less important than the nominees' qualifications for the major tasks they were expected to confront in office, the officials said.
One person familiar with the appointment process said Obama and his top advisers were concerned about the possibility of political "combustion" occurring over the tax issues. "People were not unaware that might happen," the official said. But they believed that Geithner and Daschle were uniquely qualified.

"We knew he'd get punched around on this, and that he had made a painful mistake," John D. Podesta, who co-chaired Obama's transition team, said of Daschle. "But we believed he could be confirmed and that he was -- and I still believe this -- the right guy for the job of leading the department and finally getting health-care reform across the finish line."

As he assembled his administration, Obama conducted the vetting process methodically and required unprecedented scrutiny of candidates' personal, financial and professional backgrounds.
Potential picks had to answer 63-item questionnaires, which an army of lawyers, many of them volunteers, then scoured. Nine of the questions were about taxes. No. 37 asked whether "a tax lien or other collection procedure" had ever been instituted against the nominee, and No. 39 asked: "Do you have any expectation that you will be the subject of any tax, financial or other audit or inquiry?"

People familiar with the Obama transition said Daschle did not reveal his tax issue on the questionnaire.

"The car and driver is not something that will come up in a review of documents or tax returns," said a Washington lawyer who helped vet candidates. "It really is something you find out about in doing an interview of the potential nominee. You just have to ask the questions."
Some close to the process said the Obama team believed that the various tax errors were innocent mistakes and that any furor over them could be overcome.

"Every time a nominee gets in trouble for something, another question gets added to the questionnaire," one transition official complained. "We're getting to the point -- Killefer might be a better example -- where you're [having to hire] people out of some hermetically sealed tank."
Clay Johnson III, who ran President George W. Bush's transition team and later served in the White House as presidential personnel director, said he is surprised to see three of Obama's nominees weighed down by tax troubles considering that paying -- or not paying -- taxes has long been the top concern for vetters.

"It's huge," Johnson said. "Do you pay your taxes? . . . It is something that is checked religiously."

Staff writers Paul Kane, Shailagh Murray, Philip Rucker and Ceci Connolly and research editor Alice Crites contributed to this report.

mardi 3 février 2009

Hôpital de l'Enfant-Jésus : Un brillant neurochirurgien part pour les États-Unis



Johanne Roy
03/02/2009 12h39


L’hôpital de l’Enfant-Jésus perd un brillant neurochirurgien, le Dr Michel Lacroix, qui s’en va pratiquer aux États-Unis, a appris le Journal.

Âgé de 44 ans, le Dr Lacroix possède une expertise unique au Québec en neurochirurgie oncologique et chirurgie spinale. Son départ imminent survient après celui de son collègue, le Dr Daniel Lacerte, parti pour le Texas il y a trois ou quatre ans, avec tout son bagage en chirurgie de l’épilepsie.

Le Dr Lacroix n’a pu être joint, hier, mais en entrevue au Journal, en novembre 2006, il ne cachait pas qu’il envisageait sérieusement de poursuivre sa carrière aux États-Unis, de guerre lasse, à cause des conditions contraignantes de pratique ici.

« Au Québec, on sacrifie en ce moment une médecine d’élite. J’ai l’impression d’être un pilote de formule 1 confiné à une Chevrolet. Nous n’avons pas un environnement où l’on se sent reconnus et appuyés. On fait de la médecine à rabais », avait-il alors exprimé.

Le neurochirurgien faisait notamment référence aux salaires moindres, au manque de soutien pour l’enseignement et la recherche, aussi bien qu’à l’insuffisance de lits et de moyens techniques. Le Dr Lacroix s’était dit disposé à rester au Québec s’il voyait une volonté gouvernementale d’améliorer les choses. Force est de constater, deux ans plus tard, que ses attentes ont été déçues.

Au cours des cinq dernières années, au moins sept neurochirurgiens québécois ont quitté la province. En 1980, on dénombrait 70 neurochirurgiens au Québec, alors qu’on n’en compte environ que 46 actifs, aujourd’hui. Le départ du Dr Lacroix, un spécialiste au sommet de sa dextérité, est une perte importante pour l’hôpital de l’Enfant-Jésus.

Au gouvernement d’agir

« Cela n’a pas de bon sens que le gouvernement laisse partir des médecins de ce calibre », déplore Mme Isabelle Pagé, dont le conjoint de 53 ans a été opéré en juillet dernier par le Dr Lacroix pour une tumeur au cerveau. M. Gilles Beaulieu avait rendez-vous avec le Dr Lacroix, le 18 février, pour un examen de contrôle. Le couple du quartier Neufchâtel a été informé que la rencontre était annulée, en raison du départ du neurochirurgien.

« Le Dr Lacroix est un médecin très humain, rassurant. Cela me fait quelque chose de le voir partir. Lorsqu’on reçoit un diagnostic de cancer, ça bouleverse tout dans notre vie. Nous avons une fille de 13 ans; la maladie affecte le côté monétaire aussi. »

« On perd nos repères. Ce n’est pas rien d’aller se faire jouer dans le cerveau, surtout que la masse était grosse. La confiance envers le chirurgien y est pour beaucoup dans pareil cas. Mon conjoint s’est senti entre bonnes mains avec le Dr Lacroix », souligne Mme Pagé.

Grutier de son métier, M. Beaulieu a bien répondu jusqu’ici aux traitements intensifs de radiothérapie et de chimiothérapie, qui ont suivi la délicate opération. « Cela va mieux pour lui, mais on sait qu’une récidive peut survenir », dit-elle.

samedi 31 janvier 2009

Sapere Audere !



Charles Muller,
24 avril 2008

Chers lecteurs,

L’absence de mise à jour de ce site s’explique pour deux raisons : d’une part, j’ai désormais trop peu de temps pour m’en occuper avec la régularité requise ; d’autre part, l’expérience de ces quatre dernières années m’a montré que la littérature climatique offre finalement très peu d’avancées réelles dans la compréhension du climat. De nombreux articles paraissent, les plus alarmistes sont sélectionnés par les médias dominants, les autres sont soigneusement cachés à l’opinion publique, mais aucun n’apporte de toute façon d’arguments décisifs sur la réalité et l’ampleur du réchauffement à venir.

Loin de moi l’idée que les milliers de chercheurs engagés dans la recherche sur le climat font un travail inutile : simplement, qu’il s’agisse d’observations ou de modélisations, ce travail ne peut progresser que très lentement. Il se heurte toujours à la nature complexe du système étudié, à la dimension chaotique de certains de ses éléments, à l’absence dramatique de données empiriques fiables ayant la profondeur requise pour contraindre les modèles. Au fond, malgré les dizaines de milliards de dollars investis dans cette recherche à l’échelle planétaire, nous n’avons toujours pas réellement validé avec un degré raisonnable de certitude ou de robustesse les hypothèses de base nées dans les années 1970 et ayant guidé la modélisation. C’est dire que la patience et la prudence, deux qualités essentielles de la recherche, sont toujours de mise.

Le brouhaha à dominante catastrophiste concernant les affaires climatiques est entretenu par ceux qui y trouvent un intérêt économique ou idéologique : les médias, les groupes de pression, certains Etats, le monde industriel et financier voyant dans la gestion du carbone et l’énergie propre un nouvel Eldorado. Je persiste donc dans le constat initial de ma démarche, celui d’un fossé énorme entre les conclusions réelles de la recherche scientifique, pleines d’interrogations et d’incertitudes, et la manipulation massive de l’opinion publique mondiale, faites d’affirmations péremptoires et de chantage à la peur.

Pour ceux qui restent lucides et en tiennent à une analyse rationnelle de nos connaissances, nous en sommes toujours au même point :
• le réchauffement global observé depuis plus d’un siècle est modéré, il montre une sensibilité climatique au CO2 relativement faible, sans doute dans les fourchettes basses de celles proposées par le GIEC ;
• les incertitudes fondamentales, notamment sur le rôle du soleil, le comportement des océans, sur les aérosols, sur la vapeur d’eau et sur la nébulosité ne seront levées que très lentement par la recherche et la modélisation ;
• il y a fort à parier que la simple observation du climat d’ici 2020 contraindra de manière importante les réponses que nous attendons, puisque l’hypothèse d’une forte sensibilité climatique au CO2 devra se traduire par une hausse soutenue des températures. Et inversement, bien sûr.

Au grand dam des catastrophistes, ces dernières années (depuis 2000) ont vu un réchauffement faible ou nul, malgré l’augmentation des émissions de CO2 et la baisse des émissions d’aérosols, deux facteurs conjugués qui auraient dû provoquer au contraire une hausse continue des températures globales. La réalité est décidément plus sceptique que certains de ses observateurs… Cela suggère fortement que la variabilité chaotique du climat, à base océanique, et sans doute aussi l’influence solaire sont sous-estimés ou mal calculés par les modèles actuels. On voit d’ailleurs fleurir depuis quelques mois des articles suggérant qu’un doublement du CO2 ne devrait pas se traduire par une hausse plus forte que 1 à 2 K, soit un réchauffement très acceptable pour l’humanité. On constate aussi que la communauté scientifique connaît des divisions de plus en plus évidentes et que le mythe du « consensus du GIEC » a vécu. Le dernier rapport de cette institution (2007) a été aussi vivement critiqué par les chercheurs « alarmistes » que par les chercheurs « sceptiques ». Au-delà des prises de position politiques ou médiatiques des uns et des autres, on en revient peu à peu au régime normal de la science : la confrontation des hypothèses et des prédictions divergentes. La bulle médiatique du réchauffement climatique va exploser, ou plus probablement imploser car l’humanité se trouvera peu à peu d’autres problèmes, et des problèmes bien plus réels cette fois.

Dans le même temps, nous avons connu et connaissons encore une hausse considérable du coût de l’énergie fossile, surtout le gaz et le pétrole, rendant les scénarios 2100 du GIEC de moins en moins crédibles – pour ceux qui accordaient la moindre crédibilité à l’exercice intellectuel consistant à prolonger sur un siècle le comportement collectif des sociétés industrielles modernes. L’énergie fossile devient rare et chère, ce qui justifie avec ou sans conséquence climatique l’implantation accélérée des énergies alternatives. Et l’on constate au passage que les mesures soit disant inspirées par le principe de précaution, comme la conversion rapide de surface agricole vers les biocarburants, alimentent rapidement des crises environnementales, économiques et alimentaires insoupçonnées. L’enfer est toujours pavé de bonnes intentions. Mais là aussi, nous verrons bien plus clair en 2020, c’est-à-dire demain.

D’ici là et jusqu’à nouvel ordre, je maintiens ce site ouvert car l’essentiel des synthèses proposées reste valable, notamment la critique du rapport AR4 GIEC/IPCC de 2007, mais aussi toutes les critiques d’articles scientifiques parus entre 2004 et 2007. Les lecteurs objectifs pourront constater que le débat scientifique est loin d’être clos. Les autres ne changeront rien à leurs croyances. Peu m’importe : les croyances n’ont jamais fait progresser le monde, et c’est de connaissances dont nous avons besoin pour comprendre et maîtriser ensemble notre avenir. Si d’aventure un article fondamental venait à paraître dans le domaine des sciences climatiques, c’est-à-dire un article mettant au jour un phénomène non pris en compte ou un article réduisant de manière significative les incertitudes mentionnées plus haut, j’en ferai bien sûr le commentaire.

Mon dernier conseil sera emprunté au philosophe Emmanuel Kant, dont la devise était : Sapere Audere ! Oser savoir en utilisant sa raison critique, c'est le fondement de notre modernité, cela reste la condition de son avenir.

Bonne lecture.


Post scriptum : la bonne parole sceptique survit sans peine à la tentative d’étouffement alarmiste en de nombreux autres lieux qu’ici. Pour les francophones, je vous conseille vivement le détour sur Skyfall ou sur Pensée unique. Pour les anglophones, les blogs de S. McIntyre, R. Pielke Sr, P. Michaels ou l’équipe de CO2 Science délivrent une veille scientifique très utile.

vendredi 30 janvier 2009

Le Che, la véritable histoire






Guy Sorman
29 janvier 2009


Les scénaristes de Hollywood prennent souvent des libertés avec la vérité historique ; mais les metteurs en scène ont en général le bon sens de ne pas blanchir les sadiques et les meurtriers. A l’exception du nouveau film de Steven Soderbergh sur Che Guevara qui fait précisément cela, et pire encore.

Le Che, ce révolutionnaire romantique, incarné par Benicio del Toro dans le film de Soderbergh, n’a jamais existé. Ce héros de la Gauche, avec ses cheveux et sa barbe hippie, une icône que l’on retrouve dans le monde entier sur les t-shirts et les tasses à café, est un mythe concocté par les propagandistes de Fidel Castro – une création à mi-chemin entre Don Quichotte et Robin des Bois.

Comme toutes ces fables , le mythe du Che conçu par Fidel comporte quelques analogies superficielles avec les faits. Un Robin des Bois, qui volait aux riches et qui donnait une part de son butin aux pauvres pour travestir ses méfaits, a probablement existé. Des chevaliers à la Don Quichotte parcouraient probablement la campagne de l’Espagne médiévale, non pour tuer les dragons, mais les quelques Musulmans restants dans le pays.

Le même principe s’applique au Che de la légende. Comment un adolescent révolté contre le monde-ou ses parents- résisterait-il à l’image du Che ? Porter un t-shirt à son effigie est le moyen le moins coûteux et le plus rapide pour se donner l’impression d’être du bon côté de l’Histoire.

Ce qui séduit les adolescents comble aussi les metteurs en scène éternellement jeunes. Dans les années 1960, adopter l’allure du Che, avec sa barbe et son béret, était au moins une profession de foi politique, même si elle était superficielle. Aujourd’hui, elle n’est rien de plus qu’un accessoire de mode qui inspire une épopée hollywoodienne à gros budget. Des parcs d’attraction sur le thème du Che seront-ils la prochaine étape ?

Un véritable Che Guevara a toutefois existé : il est moins connu que sa marionnette . Mais le vrai Che fut une figure historique plus importante que son clone factice : il a incarné ce que la révolution et le marxisme signifiaient réellement au XXème siècle.

Ce vrai Che n’était pas un humaniste. Aucun dirigeant communiste n’a jamais cru aux valeurs humanistes ; Karl Marx n’en était certainement pas un et, fidèle à leur prophète, Staline, Mao, Castro et le Che n’avaient aucun respect pour la vie humaine. Le sang devait être versé pour baptiser un monde meilleur. Critiqué par l’un de ses premiers compagnons de route pour les millions de morts de la révolution chinoise, Mao lui fit remarquer que cela n’avait aucune importance, puisque d’innombrables Chinois mourraient de toute façon tous les jours.

De la même manière, Che Guevara pouvait tuer sans hésitation : après des études de médecine en Argentine, il choisit non de sauver des vies, mais de les supprimer. Après la prise de pouvoir par Castro, le Che fit exécuter cinq cents « ennemis » de la révolution sans jugement, sans discernement.

Fidel Castro, qui n’était pas un humaniste non plus, fit de son mieux pour neutraliser Che Guevara en le nommant ministre de l’Industrie. Le Che appliqua les politiques soviétiques aux Cubains : l’agriculture fut détruite et des usines fantômes parsemaient le paysage. Mais peu lui importait l’économie ou le peuple Cubain : son objectif était de poursuivre la révolution pour le plaisir de la révolution, comme de l’art pour l’art.

En fait, si ce n’était pour sa justification idéologique, le Che n’aurait rien été de plus qu’un tueur en série. Les slogans lui ont permis d’exterminer un nombre plus élevé de victimes que tout tueur en série, et cela au nom de la justice. Cinq siècles auparavant, il aurait probablement été l’un de ces moines soldats exterminant les Indiens latino-américains au nom de Dieu. Au nom de l’Histoire, le Che aussi considérait le meurtre comme un mal nécessaire pour une juste cause.

Supposons que nous jugions ce héros marxiste à l’aune de ses propres critères : a-t-il réellement transformé le monde ? La réponse est oui – pour le pire. Le Cuba communiste qu’il a contribué à forger est un échec complet et incontesté, bien plus pauvre et dépendant qu’il ne l’était avant sa « libération ». Malgré les réformes sociales appliquées à Cuba, que la gauche castriste aime mettre en avant, son taux d’alphabétisation était plus élevé avant l’accession de Castro au pouvoir et le racisme envers la population noire moins généralisé ; les dirigeants politiques ont bien plus de chances d’être des blancs aujourd’hui qu’à l’époque de Batista.

Au-delà de Cuba, le mythe du Che aura conduit des milliers d’étudiants et de militants d’Amérique latine à perdre la vie dans des guérillas hasardeuses. La gauche latino américaine , inspirée par le Che, a choisi la lutte armée à la place des urnes, ouvrant la voie aux dictatures militaires. L’Amérique latine n’est pas encore remise de ces retombées involontaires du guévarisme.

Cinquante ans après la révolution cubaine, ce continent reste divisé. Les pays qui ont rejeté le mythe du Che et choisi la voie de la démocratie et de l’économie de marché, comme le Brésil, le Pérou et le Chili, se portent mieux aujourd’hui qu’à tout autre moment de leur histoire : l’égalité, les libertés et le progrès économique ont progressé de concert. Tandis que ceux qui perpétuent la nostalgie du Che, comme le Venezuela, l’Équateur et la Bolivie, sont aujourd’hui au bord de la guerre civile.

Le véritable Che, qui a passé de longues années en tant que président de la banque centrale cubaine, et chargé par Castro de superviser les exécutions, mérite d’être mieux connu. Il faudrait mieux connaître aussi les circonstances de sa mort . Fidel Castro aurait pu le sauver en payant une rançon aux militaires boliviens ( ce qui fut fait pour l'ôtage français Régis Debray ). Sous la pression des Soviétiques , Castro a choisi de lâcher Guevara : celui-ci était devenu trop idéaliste pour ses parrains . Si l’épopée en deux parties de Soderbergh est un succès au box-office, ses producteurs voudront peut-être que soit réalisée une suite plus proche de la vérité. Les éléments historiques pour tourner « La face cachée du Che » ne manquent pas.


Copyright: Project Syndicate, 2008.
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jeudi 29 janvier 2009

Le débat est clos : La planète se refroidit


Par Sébastien Castellion
Lundi 19 janvier [08:21:00 UTC]
© Metula News Agency

Depuis début décembre, l’Europe et l’Amérique du Nord connaissent toutes deux des températures très inférieures à la normale. En Europe, le mois de décembre dernier a vu la neige recouvrir Marseille et Milan ; l’aéroport de Madrid a été fermé le 9 décembre dernier par la neige. Aux Etats-Unis, la Nouvelle-Angleterre et la Midwest ont connu ces derniers jours des températures record allant jusqu’à -35°C.

Les statistiques mondiales disponibles montrent qu’il ne s’agit pas là d’une aberration locale. Selon la NASA (qui fait la synthèse du plus grand nombre d’observations météorologiques), l’année 2008 a été la plus froide du siècle (cf. http://data.giss.nasa.gov/gistemp/ pour les données détaillées). Non seulement le vingt-et-unième siècle n’a connu aucun réchauffement climatique (l’année la plus chaude jamais enregistrée fut 1998) mais, depuis deux ans, la tendance est clairement au refroidissement.


La moyenne des températures en Amérique du Nord depuis 1998 (National Climactic Data Center, Etats-Unis).


Ces observations posent une intéressante question : combien de temps faudra-t-il pour que la Terre se refroidisse avant que l’on arrête de dire qu’elle se réchauffe ?

Il y a maintenant plus de dix ans que presque toute la couverture politique et médiatique du climat se résume à une seule thèse : « la planète est entrée dans une phase de réchauffement sans précédent, due au CO2 produit par l’activité humaine ; tous les savants sont d’accord sur cette interprétation ; il est donc urgent de changer radicalement notre mode de vie pour réduire nos émissions de carbone et sauver la planète ».

Du fait de ce barrage médiatique, peu de gens sont conscients du fait que cette thèse est scientifiquement assez faible. Certes, elle se fonde sur deux observations indiscutables :

D’abord, la température de la planète a fortement augmenté entre 1975 et 1998, pour atteindre cette dernière année la température moyenne la plus élevée jamais observée depuis que des stations météorologiques sont disséminées à travers le monde (c’est-à-dire depuis la deuxième moitié du dix-neuvième siècle).

Ensuite, il est vrai que la proportion de CO2 augmente dans l’atmosphère terrestre et que, si tous les autres paramètres étaient parfaitement stables, cette augmentation devrait causer un réchauffement.

Et pourtant, il est impossible de tirer de ces deux faits les conclusions que les hommes politiques et la presse nous répètent chaque jour. Il y a à cela plusieurs raisons.

La concentration de CO2 dans l’atmosphère reste très faible. Pour chaque million de particules dans l’air que nous respirons, il y a environ 380 particules de CO2, contre environ 310 il y a cinquante ans.

Personne ne connaît exactement la sensibilité de la température à une telle augmentation, mais il paraît difficile de croire qu’elle puisse suffire à causer une catastrophe mondiale. D’autant plus qu’un autre gaz qui, lui aussi, réchauffe l’atmosphère est présent en bien plus grande quantité : la vapeur d’eau, qui représente entre 10.000 et 40.000 particules par million de particules d’air à la surface de la terre (4.000 si l’on compte les couches supérieures de l’atmosphère au-dessus des nuages).

La part des émissions de CO2 due à l’activité humaine est très faible – moins de 5 % du total. Le reste est dû à la décomposition des plantes, à l’activité volcanique, à la respiration et à la digestion des animaux ainsi qu’aux échanges réciproques de CO2 entre les océans et l’air.

Alors que l’augmentation de la concentration en CO2 est observée dans toute l’atmosphère, le réchauffement « planétaire » de 1975-1998 fut, malgré son nom, exclusivement un réchauffement de l’hémisphère Nord. La plus grande partie du continent Antarctique (sauf la péninsule antarctique qui fait face au Chili) s’est refroidie pendant cette période. Au contraire, la zone arctique a connu (du moins jusqu’à 2007) un réchauffement supérieur à celui du reste de la planète.

Enfin, les données historiques ne montrent pas une forte corrélation entre l’évolution de la concentration de CO2 et l’évolution des températures. Le CO2 augmente assez fortement et régulièrement dans l’atmosphère depuis 1945. Mais la température n’a augmenté que pendant le tiers de cette période. De 1945 à 1975 – les « trente glorieuses » d’une économie alimentée au charbon et au pétrole, sans les technologies de capture du carbone qui se sont imposées depuis – les températures ont baissé. (Il était de mise, au début des années 1970, de s’inquiéter du refroidissement climatique à venir !). De 1975 à 1998, elles ont rapidement augmenté. Puis, elles se sont stabilisées pendant huit ans et, depuis deux ans, sont reparties à la baisse, au moment même où la croissance économique rapide de la Chine et de l’Inde augmentait de nouveau les émissions humaines de CO2.

Sur une très longue période – plusieurs centaines de milliers d’années – on note bien une corrélation entre concentration de CO2 et températures. Le graphique suivant a été utilisé par Al Gore dans son film Une vérité qui dérange.

Mais ceux qui ont vu le film auront peut-être remarqué que Gore ne dit jamais explicitement ce qu’il veut nous faire croire (« le CO2 fait varier la température »). Il tourne autour du pot, disant « les deux graphiques se ressemblent (…) il y a une forte corrélation ». La raison de cette finesse d’avocat est bien simple : il suffit de regarder le graphique de près pour noter que les évolutions de la concentration de CO2 suivent – entre quatre à huit siècles plus tard – les évolutions des températures.

C’est donc le réchauffement de la planète qui entraîne, après un long délai, l’augmentation du CO2 : les océans plus chauds relâchent plus de CO2 qu’ils n’en absorbent, de même qu’une canette de coca-cola laissée à la chaleur risque d’exploser. Inversement, c’est le refroidissement qui provoque la diminution des concentrations de CO2, progressivement absorbé par les océans refroidis.




La corrélation de long terme entre température et CO2 : les changements climatiques précèdent les variations de concentration.

Il ne fait aucun doute que Gore connaissait la vérité et a délibérément induit ses spectateurs en erreur. Sans cela, il ne pèserait pas ses mots avec autant de précision pour ne pas dire ce qu’il veut faire croire et ne pas être, le cas échéant, tenu pour responsable de ses mensonges.

Cette mauvaise foi sans scrupules n’est pas seulement un trait de caractère personnel d’Al Gore (même si elle est cela aussi : la Haute Cour de Londres, dans un jugement du 2 octobre 2007, a ainsi identifié neuf contre-vérités scientifiques délibérément incluses dans son film). Depuis plusieurs années, presque toute la couverture politique et médiatique du climat se résume à trois règles.

Ces trois règles sont scrupuleusement respectées par Al Gore, par la plus grande partie du mouvement écologiste et par le Groupement Intergouvernemental d’Etudes du Climat (GIEC), une institution spécialisée de l’ONU créée dans le but précis de répandre la panique planétaire :

- D’abord, terrifier l’opinion à partir de vérités partielles ou même d’histoires inventées de toutes pièces.

- Ensuite, ne donner aucune couverture médiatique aux savants de premier ordre qui expriment leur désaccord par rapport à un « consensus » qui est, depuis longtemps, plus politique que scientifique.

- Enfin, après avoir terrifié l’opinion et refusé tout débat, en conclure bravement que « le débat est clos » et que le monde doit réellement s’alarmer.

Il y a deux solutions pour terrifier l’opinion. La première est de présenter une vérité partielle. Ainsi, il était vrai, jusqu’à très récemment, que les glaces reculaient dans l’Arctique.

Dans le même temps, la calotte Antarctique, qui contient 90 % des glaces du monde, était en augmentation. Il suffisait donc de ne parler que de l’Arctique, et de passer l’Antarctique sous silence, pour laisser croire que le monde allait subir une fonte massive des glaces menaçant d’engloutir des régions entières.

L’autre solution est de mentir entièrement. Les lecteurs de la Ména se souviennent ainsi peut-être qu’en 2004 – année de forte activité cyclonique en Amérique du Nord – le GIEC avait annoncé au monde que le réchauffement climatique était la cause de l’augmentation du nombre des cyclones.

La seule petite difficulté était que cette annonce ne s’appuyait sur aucune étude ou recherche scientifique. « Aucune » ne signifie pas ici « recherches insuffisantes ou non encore vérifiées » mais bien « rien de rien de rien » : le GIEC avait inventé de toutes pièces, à des fins purement politiques, une corrélation qui n’existait pas.

Le spécialiste des cyclones au sein du GIEC, le professeur Christopher Landsea de l’université du Colorado, n’avait pas été consulté et démissionna de l’organisation. Lorsque, au cours des années suivantes, le nombre des cyclones repartit à la baisse, l’ONU cessa discrètement d’évoquer une corrélation.

Un autre exemple de mensonge fut le graphique « en crosse de hockey », que le GIEC publia en 2001 et qui fut immédiatement reproduit à travers le monde. Les lecteurs de la Ména se souviendront peut-être avoir vu ce graphique au début de notre décennie :


Le graphique « en crosse de hockey », publié par l’ONU en 2001 et abandonné depuis.